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20 décembre 2019 5 20 /12 /décembre /2019 16:06

Quand les turcs ont pénétré une nouvelle fois dans le nord de la Syrie pour s'attaquer aux forces YPG la France a demandé "gentiment » l’arrêt des hostilités arguant que les YPG ont aidé l'ensemble des démocraties en étant la seule force luttant effectivement contre Daech au sol. Ce qui était vrai.

Mais pourquoi ne les défendre que pour cela ? En considérant, à la limite, que si Daech était complètement éliminé on pourrait en faire ce qu'on veut. Le franchissement de la frontière d'un pays voisin pour installer une milice islamiste à peine moins radicale que Daech n'est-il pas déjà assez scandaleux en soi ?

 

C'est que la France et l'UE sont en réalité gênées aux entournures car elles savent bien que la principale composante des YPG (on épargnera la signification du sigle) est le PKK syrien. Et qu'est-ce que le PKK syrien ? C'est l'émanation dans ce pays du Parti des Travailleurs du Kurdistan. Ce "parti" ayant un leader turc : Abdullah Öcalan, lui-même l'un des fondateurs du PKK "global".

 

Ce point ne souffre pas de discussion auprès des kurdes syriens ; comme le montre l'ouvrage "La commune du Rojava" - Editions Syllepse. Ils reconnaissent complètement Öcalan comme leur leader.

Ceci nous amène à envisager l'historique de cette organisation transnationale et à essayer de comprendre pourquoi elle est considérée comme terroriste par l’UE et la France.

 

  1. De la création du PKK à son évolution récente

On se réfère notamment à Wikipédia. Rappelant que les kurdes sont présents dans 4 pays limitrophes : Turquie (le plus grand nombre), Syrie, Irak et Iran. Ils ne se sont jamais vus reconnaitre un territoire propre mais, il faut le rappeler aussi, ils ne sont pas d’accord entre eux. Ainsi en Irak le PDK et l’UPK sont opposés l’un à l’autre. D’autre part le PDK est un ennemi juré du PKK. Et on peut signaler aussi qu’en Turquie même il y a des kurdes qui ne se reconnaissent pas dans ce parti, malgré les bons scores réalisés récemment aux élections par le HDP. Mais ce n’est pas en fait le composante « ethnique » qui va nous importer ici. On va voir pourquoi.

Le PKK a été fondé en 1978 dans le petit village de Fis. Dès 1979, il s’oppose par les armes à des clans kurdes, comme eux, mais jugés favorables au régime (c’est-à-dire collabos des turcs). En 1980, suite à un coup d’Etat militaire, la plupart des partis turcs sont démantelés et tous les militants connus emprisonnés. Wikipédia : « 2 000 membres présumés du PKK sont arrêtés et emprisonnés. La prison de Diyarbakir va être le théâtre d'actes de « résistance » qui vont jouer un grand rôle dans la construction de la martyrologie du PKK. Plusieurs militants s'immolent par le feu pour protester contre les tortures systématiques de prisonniers pratiquées par l'État turc. Mazlum Doğan, membre du Comité central, après une tentative d'évasion, se pend le 21 mars 1982, après avoir symboliquement allumé trois allumettes pour célébrer le Newroz, le Nouvel an kurde. Deux mois plus tard, le 18 mai 1982, quatre membres du PKK, dont le membre du Comité central Ferhat Kurtay, s'immolent par le feu pour « faire vivre la flamme de la résistance ».

Le PKK d’alors est à la fois une organisation « de gauche », ce qu’il est toujours, « chrétienne » au sens des premiers chrétiens, et identitaire, c’est à dire kurde avant tout. A partir de 1981 il va se lancer dans la lutte armée contre l’Etat turc au moyen, principalement, d’attentats contre des militaires. Il obtient des succès militaires relatifs et est rejoint par de nombreux jeunes. Ce qui va amener l’Etat turc à une répression féroce avec des morts civiles et d’importants déplacements de populations. Wikipédia : « Des milliers de villages sont évacués dans les années 1990 et des centaines de milliers de Kurdes sont forcés de quitter leur village ou ville. Avant d'entamer un recul progressif, laminé par la contre-offensive des autorités turques, le PKK contrôlait en 1991 une large portion du sud-est anatolien. Le fait que l'armée reprenne les rênes des opérations anti-PKK et vide quelque 4 000 villages de leurs habitants coupe ensuite le PKK de ses soutiens dans la population et, par la même occasion, de ses circuits de ravitaillement clandestins. »

Au milieu des années 90, le PKK crée ses premières unités combattantes purement féminines dont le modèle est Zeynep Kınacı (nom de code Zîlan) qui fait exploser sa ceinture d’explosifs au milieu d’une parade militaire (ici on est plutôt islamiste).

A la même époque l’organisation s’internationalise, accueillant des composantes syrienne, irakienne et iranienne, le tout dans la clandestinité ou en Europe de l’ouest car elle n’est évidemment tolérée nulle part.

Wikipédia : « En 1999, Abdullah Öcalan, fondateur du PKK est capturé au Kenya par les services secrets turcs, américains et israéliens, puis condamné à mort pour avoir fondé et dirigé une organisation considérée terroriste. Des manifestations, parfois violentes, ont lieu dans de nombreux pays. Ainsi, quatre membres du groupe sont tués lors d'une manifestation devant le consulat général d'Israël à Berlin pour protester contre le rôle du Mossad dans l'arrestation d'Öcalan. Une première réaction des militants et des sympathisants du PKK est le passage à des formes d'actions auto-sacrificielles : une douzaine de militants ont recours à des attentats-suicides, tandis qu'une soixantaine de sympathisants tentent de s'immoler par le feu (20 d'entre eux perdront la vie) ».

Malgré cette arrestation et le fait qu’il soit jusqu’à ce jour toujours emprisonné sur une île au large d’Istanbul, Öcalan, familièrement surnommé Apo, reste le chef, au moins spirituel du PKK. Personne n’a osé non plus se présenter comme son successeur mais il y des dissidents par rapport aux efforts de paix que l’on va examiner plus loin.

A partir de là on s’écarte de Wikipédia. En effet il est très important de signaler que sa doctrine a évolué, au moins depuis 1998, soit quelques mois avant son arrestation. On s’appuie sur le livre cité plus haut dont le sous-titre est « l’Alternative kurde à l’Etat-nation ». Apo pense depuis ce moment qu’il est inutile de réclamer l’indépendance du ou d’un Kurdistan – évolution tout à fait majeure. Il renonce à un pays en propre. C’est-à-dire qu’une large autonomie lui suffirait. Mais cela va même plus loin, car c’est un renoncement au nationalisme, ou, si le Kurdistan turc devenait autonome, il faudrait que la coexistence soit harmonieuse avec les turcs qui y vivent aussi, par exemple.

On cite (extrait de ses Carnets de prison) : « La démocratie communale naturelle s’appuiera sur des assemblées de village, de ville, d’agglomérations dont les délégués sont dotés de pouvoirs de décision. Ce qui signifie que le peuple et les communautés pourront décider de leur destin. Elle appelle tous les secteurs de la société, en particulier les jeunes et les femmes, à se doter de leurs propres organisations démocratiques et à se gouverner eux-mêmes. »

Mais est-ce que tout cela n’est que des déclarations d’intention ? Non car le fonctionnement démocratique et les valeurs de discipline prôné par Apo ont déjà été mis en œuvre sur le terrain et il s’est révélé extraordinairement efficace compte tenu d’un contexte plus que difficile :

  • En Irak, le PKK a été la seule force à résister à Daech alors que l’armée régulière et toutes les autres milices fuyaient ou se rendaient
  • En Syrie, avec la création d’une entité de fait, le Rojava où le PKK est allié, au sein des YPG avec des arabes et arméniens. C’est ce qui a permis aux EtatsUnis de fournir des armements alors que le PKK est toujours considéré comme « terroriste » - on y reviendra.

Mais ce fonctionnement démocratique, renforcé en quelque sorte par les guerres civiles où les armées d’occupation se concentrent sur d’autres objectifs (cas de la Syrie), ne date pas de l’émergence de Daech. On peut le voir dans le film « My Sweet Pepper Land » de Huner Saleem avec Golshifteh Farahani dans l’un des rôles principaux dont l’action se déroule en Iraq, où l’on voit déjà à l’œuvre les unités combattantes féminines.

Dans le même ordre d’idée, on doit citer le HDP. Ce parti est lié au PKK sans que cela soit officiel bien sûr. Parti kurde au départ il a su rassembler une proportion suffisante de non kurdes pour créer la surprise aux élections générales de 2015 où il dépassa 10% des voies (presque 13% en fait) ce qui signait son entrée au parlement. Dans la même veine que ce qui se pratique au Rojava pour les conseils municipaux, par exemple, il avait à sa tête conjointement un homme et une femme. Ce qui aurait pu être pratique en cas d’arrestation d’un des deux, l’autre prenant le relais : respectivement Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ.  Sauf que les sbires d’Erdogan ont arrêté les deux le même jour, le 4 novembre 2016. Le même jour 9 députés de cette formation furent arrêtés aussi et, par la suite, nombre de maires élus. Dans ce pays merveilleusement démocratique qu’est la Turquie …  Mais on y revient.

Est-ce à dire avant d’aborder le point 2 que le PKK a déposé les armes ? Non car pour qu’il y ait la paix il faut qu’une trêve soit signée. Mais, pour l’essentiel, il s’agit tout au plus d’une autodéfense. D’autre part, il ne faut pas se tromper, d’anciens membres refusent la politique de la main tendue d’Apo et continuent les actions terroristes. Exemple : « Les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical dissident du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a revendiqué dimanche 6 novembre 2016 l'attaque à la voiture piégée contre un commissariat de Diyarbakir dans la nuit de jeudi 3 à vendredi 4 novembre 2016, qui a fait 11 morts. » (Juste au moment des arrestations massives). Mais ce ne sont pas les mêmes personnes.

Pour faire un parallèle avec l'IRA nord-irlandaise, quand l'IRA a renoncé à la lutte armée il y a eu une Faction dissidente qui a continué les attentats. Si Londres et les Unionistes de Belfast avaient pris cela pour prétexte les Accords du Vendredi Saint de 1998 - Northern Ireland Peace Agreement dans la terminologie officielle- n'auraient jamais été signés.

 

 

  1. Le PKK une organisation terroriste ?

Les Turcs s'y connaissent en massacres de masse et déplacements de populations. En 1915 le Génocide arménien a coûté la vie à plus ou moins 1,5 million de personnes : hommes, femmes, enfants, vieillards. C'est du passé ? L'offensive turque sur le Nord-Est syrien pour « chasser les terroristes » a entraîné le déplacement de plus ou moins (là aussi on n’est pas à 10 000 près) 300 000 personnes obligées de fuir leur habitation.

On en a fini ? On ne va pas parler du traitement des autres chrétiens (« grecs » notamment, en fait turcs de rite chrétien orthodoxe) au début du XXe siècle. Non, on va parler de la France. Pendant que l'armée turque lâchait ses bombes, l'hebdomadaire Marianne nous apprend que les banques françaises ont fermé les comptes de certains responsables du PKK en France sur demande des autorités (police ou justice ? On n'a pas le détail). Dégelasse ? Un peu mais juste d'un point de vue juridique. Cela rappelle seulement le bon maréchal Pétain et la France collabo.

Il semble, tout d’abord, que la France n’ait pas de doctrine propre pour ce qui est de déterminer quelles sont les organisations considérées comme terroristes. C’est très ennuyeux mais c’est comme cela et on admet qu'il faut un minimum de coordination. Et, dans ce cadre, signalons que le Conseil de l’Europe a su évoluer. Ainsi ne sont plus considérées comme organisations terroristes l’IRA (armée républicaine Nord Irlandaise) depuis 2009, l’ETA (qui combattait pour l’indépendance du pays basque espagnol) depuis 2009 également ainsi que les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) depuis 2016. De sorte qu’on n’entre pas dans la liste comme en enfer ; des réévaluations sont possibles. Mais on imagine déjà que cela n’est pas possible tant que le principal pays concerné n’a pas donné son aval, soit respectivement dans les cas cités le Royaume Uni, l’Espagne et la Colombie.

Or le PKK n'a semble-t-il jamais été « réévalué » après avoir été mis sur la liste des organisations terroristes suite aux attentats du 11 septembre 2001. Et dans le « en même temps » macronien, l'OTAN est réputée en «mort cérébrale » ET – déclarations du même lors de la visite d'Erdogan en janvier2018 : «nous prenons les mesures nécessaires sur notre sol pour lutter contre le PKK que nous considérons comme une organisation terroriste». (Source quotidien Libération) Difficile d'être plus schizophrène. Ce qui pose aussi la question de la diplomatie française. Son chef, Jean-Yves le Drian est invisible et, plus à la base, on ne sait pas s'il y a encore des services à qui on demande de produire des analyses ? On a peur que non. Donc ce serait la Quai d’Orsay qui serait en «mort cérébrale » ? On n’en est pas loin.

Et Erdogan d'ailleurs ? Il a été d'accord pour des négociations de paix avec l'ennemi kurde notamment en 2013 et puis, du jour au lendemain, il y a mis fin. On peut imaginer que c'est le score réalisé par le HDP aux élections de 2015 (Cf. ci-dessus) qui l'a convaincu de revenir à une guerre totale.

Mais, à la fin, pourquoi le PKK est-il toujours dans cette liste des organisations terroristes ? Pour beaucoup, il finance ses unités combattantes avec l’argent de la drogue. C’est probablement vrai, on n’ira pas plus loin dans l’investigation, mais il est en guerre contre l’Etat turc et toute guerre doit être financée, donc cela n’est pas une raison suffisante à mon sens. Un autre argument est qu’il y a toujours des attentats contre les militaires turcs : combien ? à quand remonte le dernier ? rien de très convaincant non plus.

Un argument peut-être plus convaincant serait qu’il continue à exercer une forme de terrorisme à l’encontre des kurdes « réfractaires » (on a vu plus haut qu’il n’y a pas homogénéité au sein de cette minorité).

On cite Faruk Gun internaute sur le site Quora, qui répond à la question « comment peut-on considérer comme terroriste une armée qui a sauvé la vie à 20 000 yézidis ? ». Sa réponse : « Disons que le PKK a sauvé 20 000 personnes mais jusqu’alors pendant 45 ans ils ont tué 40 000 personnes surtout des civils.

Jusqu’à présent ils tuent des civils mais les médias occidentaux ne montrent que le côté “combattants de la liberté” !

Je suis un kurde qui ai grandi comme un kurde en Turquie. Le PKK a attaqué mon village 3 fois et a tué des civils qui étaient kurdes aussi.”

Cependant, malgré la validité de ce témoignage, on n’a pas de trace récente, c’est-à-dire en gros depuis 2010, d’attaques du PKK contre des civils ou même militaires turcs, sauf récemment, à la suite de l'attentat antikurde de Suruç, ville-frontière turque, attribué à un kamikaze ayant effectué plusieurs séjours en Syrie avec l'État islamique, en juillet 2015 qui a coûté la vie à 32 volontaires de la Fédération des associations de jeunes socialistes, venus en soutien à la ville de Kobané, côté syrien. Cet attentat dont les kurdes ont été les seules victimes a servi à Erdogan de prétexte pour attaquer tout le monde : Daech mais aussi le PKK et des organisations civiles. Il y a eu évidemment des ripostes sur le moment à ces attaques multiples. Et sauf une bombe par ci par là en direction des positions turques, mais la guerre c’est évidemment aussi une guerre de position, comme la défense dans un sport co.

En réalité, outre le score du HDP, l'attentat antikurde de Suruç joue un rôle très important. Erdogan fait comme si c’était les kurdes qui avaient redéclenché les hostilités et il relance une politique de quasi extermination comme l’avait fait l’armée il y a quelques décennies. On cite : «  Les opérations ont commencé (en 2016) après l’été dernier après que le cessez le feu de 2013 ait été dénoncé. Des villes comme Cizre et Sur, la plus grande ville du sud-est après Diyarbakir, ont été réduites en cendres. Des organisations humanitaires comme Amnesty International et Human Rights Watch ont publié des rapports accusant l’armée turque d’usage disproportionné de la violence, ce qui a conduit à des centaines de morts civiles, y compris des enfants et personnes âgées. Au moins 400 000 personnes ont dû fuir les villes assiégées. Ce mois-ci les Nations Unies ont aussi fait part de leurs inquiétudes, en demandant aux autorités turques un accès à ces villes pour mesurer les violations aux droits de l’homme. Aucune permission n’est venue. »

La Turquie c’est en Europe ? En 2016, 400 000 personnes ont dû fuir des villes assiégées en Europe et on doit trouver cela normal ! (Même si, pour être tout à fait exact, les villes n’ont pas été totalement détruites, une partie seulement comme à Alep en Syrie et même si beaucoup d’habitants ont pu revenir après quelques semaines).

Alors d’accord, la Turquie fait partie de l’Otan et elle est un marché très intéressant pour les armes et l’automobile et aspire théoriquement à intégrer l’UE, mais trop c’est trop. On revient plus loin sur la Turquie et sur ce que devrait faire la France. Mais, pour le moins, le statut du PKK doit être reconsidéré comme cela a été fait pour l’Ira et l’Eta.

 

 

  1. La Turquie est-elle réellement une démocratie ?

Cette question peut paraître saugrenue dans la mesure où, dans ce pays, il y a des élections à peu près fiables. C’était même le seul pays musulman où cela était vrai jusqu’aux Printemps arabes.

Sauf que : 1er hic, depuis le troisième mandat d’Erdogan comme premier ministre, en 2011, son parti : l’AKP n’a eu de cesse de museler la presse. Dans ces conditions, certes, tout le monde peut aller voter, mais n’ont le droit d’être informés que ceux qui ont accès aux médias étrangers. On cite l’article « Erdogan » de Wikipédia : « Ce durcissement du gouvernement turc contre la liberté de la presse s'accentue au cours de son mandat. En 2015, 15 chaînes de télévision sont ainsi saisies ou interdites d’émettre par le pouvoir, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites pour avoir « insulté le président ». En novembre 2015, les journalistes Can Dündar et Erdem Gül sont accusés d'«espionnage » pour avoir publié en mai un article sur les livraisons d'armes des services secrets turcs (MIT) à des groupes rebelles en Syrie. …

Les procès pour injure envers M. Erdogan se sont multipliés depuis son élection à la tête de l’État en août 2014. Environ 2 000 procédures judiciaires ont été lancées en Turquie pour ce motif entre août 2014 et avril 2015. En 2017, près de 3 000 journalistes ont perdu leur travail, souvent parce que le média pour lequel ils travaillaient a été interdit. »

A ce stade, on recommande de prendre un bon café turc et de se relaxer car on n’en est qu’au début.

Ensuite, si les résultats électoraux sont généralement réputés fiables à l’étranger, il y a tout de même deux exceptions notables :

  1. Le référendum constitutionnel qui s'est déroulé samedi 16 avril 2017 pour donner plus de pouvoirs au président de la République. Officiellement les électeurs ont dit oui à 51% mais « Une mission d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Turquie, pour surveiller le référendum constitutionnel portant sur le renforcement des pouvoirs du président, qui s'est déroulé dimanche 16 avril 2017, a indiqué que le scrutin "ne répondait pas aux standards du Conseil de l'Europe", provoquant la colère de la Turquie, qui a accusé les observateurs de l'OSCE "de véhiculer des stéréotypes" sur la Turquie, et "de ne pas respecter le principe d'impartialité". Donc, soyons clairs, les résultats ont été bidouillés car cela était trop important pour Erdogan.
  2. Elections pour la mairie d’Istanbul en mars 2019. Le résultat lui étant défavorable, il a fait annuler le scrutin. Au final l’opposition l’a tout de même emporté lors d’un deuxième vote mais on est encore loin des standards démocratiques.

Vient ensuite la question des prisonniers politiques. Hormis les journalistes déjà cités, ils se comptent par dizaines de milliers. Comme pour le cas de Suruç cité plus haut, Erdogan a profité d’un coup d’Etat réel en juillet 2016 pour nettoyer toute forme de critique ou d’opposition. Comme l’a souligné le Conseil de l’Europe en avril 2017, (Reuters) « L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Apec) a ouvert mardi une procédure de suivi concernant la Turquie, en raison des nombreuses violations de l’Etat de droit et des droits de l’homme constatées dans le pays.

La Turquie a déjà fait l’objet d’une procédure de suivi entre 1996 et 2004. Cette mesure soumet le pays à un contrôle plus étroit du respect des engagements auxquels il a souscrit en adhérant au Conseil de l’Europe, organisme de défense des droits de l'homme qui comprend 47 Etats membres dont 28 sont membres de l'Union européenne.

La résolution ouvrant officiellement cette procédure contre la Turquie a été approuvée par 113 voix, contre 45 et 12 abstentions.

Pour justifier cette décision, l’Assemblée invoque la régression démocratique du pays qui s'est accentuée depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet dernier.

Elle "s’inquiète que l’état d’urgence (qui a suivi) serve non seulement à exclure des institutions étatiques les personnes impliquées dans le coup d’Etat, mais également à faire taire toutes les voix critiques et à générer un climat de crainte parmi les citoyens ordinaires et les universitaires, au sein des organisations non gouvernementales et des médias indépendants, au risque d’ébranler les fondations d’un Etat démocratique".

Le ministère turc des Affaires étrangères a fermement condamné ce qu'il qualifie de "décision injuste" et estimé que la xénophobie et de l'islamophobie "se propageaient de façon violente" en Europe.

L'Assemblée veut protester contre la levée de l’immunité de 154 parlementaires et l’arrestation de douze d’entre eux, celle de plus de 150 journalistes ainsi que les purges qui ont touché quelque 150.000 agents de la fonction publique. »

Encore ces arrestations massives de fonctionnaires, dont militaires et policiers n’en étaient alors qu’à leur début.

Source LCI octobre 2016 : « Turquie : les chiffres hallucinants de la grande purge d'Erdogan

Plus de 12.000 policiers ont été mis à pied en Turquie pour des liens présumés avec l'ex-prédicateur Fethullah Gülen accusé d'avoir ourdi le putsch avorté de la mi-juillet, a annoncé la police mardi. Sur 12.801 policiers mis à pied, 2.523 sont des gradés, a précisé la police dans un communiqué. La force de police en Turquie compte quelque 270.000 hommes et femmes.

Selon le dernier bilan connu, près de 32.200 fonctionnaires sur les 3 millions que compte l'Etat turc ont été suspendus ou démis de leurs fonctions. L'administration de l'Education nationale du pays est la plus affectée par la purge. En tout, 15.200 enseignants ont été suspendus, 21.000 personnes travaillant dans l'éducation privée ont perdu leur licence et les 1.577 doyens des universités publiques et privées ont été mis à pied. Enfin, 1043 écoles privées, 15 universités et 35 centres hospitaliers ont été fermés. (Ah oui, on a failli oublier, il y a des milliers de fonctionnaires qui ne sont pas en prison mais qui ont « seulement » perdu leur emploi du jour au lendemain)

Mercredi 27 juillet, les autorités du pays avaient donc annoncé qu'ils avaient ordonné la fermeture de 45 journaux et de 16 chaînes de télévision. Trois agences de presse, 23 stations de radio, 15 magazines et 29 maisons d’édition ont également été fermés, tandis que 47 mandats d’arrêt avaient été délivrés à l’encontre de journalistes. Lundi 25 juillet, son avertissement avait déjà été mis à exécution, 42 journalistes ayant en effet été visés par un mandat d'arrêt.

Au lendemain du putsch raté à la mi-juillet, l'armée a été la première institution visée par la purge d'Etat. Sur les 13.000 personnes arrêtées et placées en garde à vue, on comptait 6.000 à 8.000 militaires selon les différentes sources. Sur les 360 généraux que compte l'armée turque, 118 avaient été placés en garde à vue et 99 ont été inculpés par la justice. Mercredi 27 juillet, le pouvoir turc informait par ailleurs que 149 généraux et amiraux avaient été limogés "pour leur complicité dans la tentative de coup d’Etat".

Mais les magistrats ne sont pas en reste : 2.854 juges et procureurs étaient placés en garde à vue au lendemain de la tentative de coup d'Etat, dont deux membres de la Cour constitutionnelle critiques du pouvoir d'Ankara. En outre, selon un décompte réalisé par l'AFP fin juillet, 5.837 personnes ont été placées en détention depuis le 16 juillet. » Et les juges, les avocats et les enseignants, il ne faut surtout pas les oublier ceux-là ! Bande de fumiers !

Et on n’oublie pas non plus ce qui a déjà été dit plus haut. L’armée turque a franchi la frontière syrienne pour installer dans des villes du nord une milice islamiste qui lui est inféodée. Et, au fait, les liens avec Daech dont on a vu ci-dessus que cela a coûté la prison à des journalistes trop bien informés. Certes, à certains moments la Turquie a combattu cette organisation, c’est indéniable, mais à d’autres moments elle l’a aidé, par exemple contre les kurdes, ou bien elle a fermé les yeux sur les passages de la frontière par les apprentis djihadistes étrangers. D’ailleurs, leur chef Al Bagdadi a été tué à très peu de kilomètres de la frontière turque, au nord de l’enclave d’Idlib. Cela n’est-il pas une preuve suffisante ? Alors bien sûr ils ont laissé passer l’hélicoptère des forces spéciales US qui devait survoler le territoire, mais avaient-il le choix ? On ne développe pas plus mais on peut regarder, entre autres, cet autre témoignage : « https://www.lejdd.fr/International/enquete-entre-la-turquie-et-daech-des-echanges-de-prisonniers-qui-interrogent-3620696 »

 D’autre part, puisqu’on vient de citer l’enclave d’Idlib, si les rapports avec Daech étaient troubles, ceux avec Al Qaïda (appelé Front al-Nosra en Syrie) ne souffrent aucune ambiguïté, Ankara défend expressément cette autre peste brune.

Conclusion. Il y a des élections, mais, pour le reste, on n’est absolument pas dans un Etat démocratique. Rappelant qu’Hitler aussi était arrivé au pouvoir par les urnes. Il me semble, sans exagération, que l’on est exactement dans le même cas. Disons que la Turquie de ce jour c’est l’Allemagne de 1937, pas plus pas moins.

Tiens, pour rappel avec les autodafés de ces années-là, source Wikipédia : » Au moins de juin 2016, une trentaine de maisons d'éditions sont contraintes de fermer à la suite d'un décret gouvernemental. Le 11 décembre 2017, le ministre de la Culture turc Numan Kurtulmuş a révélé que 139 141 livres avaient été retirés des 1 142 bibliothèques sous sa juridiction depuis le mois de juin 2016. Il s'agit en partie de titres écrits par le Mouvement Gülen, ou édités par les maisons d'éditions fermées par le décret de juin 2016, accusés d'être de la propagande terroriste. Mais parmi ces livres se trouvent des ouvrages de Baruch Spinoza, Albert Camus ou Louis Althusser, tous accusés d'avoir fait partie d'organisations terroristes. Se trouve également un manuel de mathématiques dans lequel un problème évoquait « un point F » et « un point G », pensant avoir affaire à une référence déguisée à Fetullah Gülen. »

 

 

  1. Que devrait faire la France ?

La France doit tout d’abord affirmer solennellement qu’elle s’opposera à l’entrée de la Turquie dans l’UE jusqu’au retour de la démocratie, a minima, c’est-à-dire plus de prisonniers politiques et plus de guerre contre sa propre population.

Jusqu’ici, c’est la partie la plus simple.

En outre, dès le jour suivant, elle doit reconnaître officiellement le PKK comme une organisation démocratique et légitime, par la loi. Là on entre un peu plus dans la difficulté car les responsables du Quai d’Orsay vont devoir effectivement se sortir les doigts du luc pour aller justifier cela auprès de nos partenaires européens. Dans l'optique évidente que l'ensemble de l'UE ait à court ou moyen terme la même position.

L'étape suivante est évidemment d'aider très concrètement les YPG sur le territoire syrien. Tâche évidemment très difficile car on ne peut pas passer par la Turquie et on n'a plus non plus de lien diplomatique avec le pouvoir de Damas. Mais tâche pas impossible non plus car on peut passer par l'Iraq avec lequel nous avons de bonnes relations. Et, si cela est difficile, cela compensera aussi le fait que la France n'a pas aidé les républicains espagnols entre 1936 et 1939 dans leur combat contre la dictature militaire alors que là, la frontière était immédiate.

Les actions à mener seraient de 4 ordres :

  1. Livrer des armes, non point offensives mais défensives. Ce pourraient être des lance-roquettes anti chars et anti aériens, des fusils de précision et des grenades, voire quelques drones.  Ces armes pourraient être surveillées par des forces spéciales françaises pour s'assurer qu'elles ne passent pas la frontière et ne sont donc utilisées qu'à titre défensif. (On rappelle que le PKK est une organisation unique). Il s'agit de s'assurer que lors de la prochaine attaque des turcs avec leurs supplétifs ils encourent des pertes importantes, susceptibles de « retourner » l'opinion publique de ce pays.
  2. Aider financièrement à l'édification et la tenue d'une prison qui accueillera les djihadistes français en premier lieu, mais aussi tunisiens. Cela évitera aussi que ces braves gens viennent se faire juger en France et soient dehors au bout de cinq ans. Ils resteraient donc là-bas pour une durée indéfinie.
  3. Aider financièrement à l'édification et la tenue d'un hôpital. Celui-ci sera notamment spécialisé dans le traitement des blessures de guerre.
  4. Fournir, pour partie à titre gratuit, des biens d'équipement qui sont si difficiles à approvisionner là-bas comme médicaments, pièces de rechange … On pourrait envisager un budget annuel de 300 millions d'euros pendant 4 ans, par exemple. Ce point sera à étudier aussi avec le pouvoir syrien, ce qui suppose un minimum de coordination avec lui.

Et c'est là qu'on entre dans la difficulté maximum. Bien sûr, les turcs ne pourront pas rester sans réaction. La France va donc perdre des contrats d'armement et civils. Comment en irait-il autrement ?

D'accord, mais outre la guerre civile espagnole, il faut se souvenir aussi des Accords de Munich de 1938 au cours desquels nous avions largué la Tchécoslovaquie. N'est-il pas temps d'expier ces fautes du passé ?

Toujours est-il que c’est à partir du moment où cette aide directe aux YPG va prendre forme que Erdogan va déclencher sa bombe atomique. En effet, en vertu de l’accord UE – Turquie de mars 2016, ce pays s’est engagé d’une part à ne pas laisser quiconque embarquer pour les côtes grecques, d’autre part à reprendre les candidats à l’immigration renvoyés par la Grèce. Cet accord est réputé avoir tari considérablement le flux de réfugiés, qui avait atteint plus d’un million en 2015, spécialement en provenance de la Syrie en guerre. Il pourra, en conséquence, dénoncer en partie ou complètement l’accord.

Mais la France peut riposter déjà avec le tourisme qui est très important pour l’économie turque. Elle peut interdire tout vol de et vers ce pays ce qui calmera le gouvernement d’Ankara. D’autre part, il n’est pas évident que tous les syriens (on évalue leur nombre à plus ou moins 3 millions en Turquie) seront prêts à partir : certains ont trouvé un travail ou autre moyen de subsistance en Turquie et ils ne souhaitent pas s’éloigner trop de leur pays d’origine, ayant l’espoir d’y retourner un jour. En outre, la frontière a été aussi déplacée, par exemple en Macédoine ou Bosnie qui bloquent aussi l’afflux de réfugiés. Et puis il n’est pas certain que l’accord soit effectivement suivi, le tarissement du flux s’expliquant aussi par d’autres causes. Cependant il ne faut pas s’illusionner non plus sur le fait que beaucoup souhaiteront tout de même prendre la route.

Dès lors, la France, si elle veut faire mieux qu’en 1938, doit prendre ses responsabilités. On préconise qu’elle accepte 5 000 familles syriennes avec enfants par semestre, soit près de 25 000 personnes. Pourquoi chaque semestre ? Parce que cela durera tant qu’une solution politique au conflit syrien n’aura pas été trouvée. Mais verra-t-on jamais la fin de ce conflit ? On peut penser qu’au Moyen Orient les gens adorent se faire la guerre pour l’éternité. Oui, mais d’autre part, le régime de Damas souffre tout de même et souhaite en voir la fin. C’est pourquoi des discussions sont en cours d’une part sous l’égide de l’ONU, qui se tiennent à Genève, d’autre part pilotées par la Russie l’Iran et la Turquie eh oui ! dites processus d’Astana. On peut croire raisonnablement que la Russie et l’Iran qui sont affaiblies aussi du fait de leur boycott par l’Occident finiront bien un jour par persuader Bachar El Assad qu’il doit céder.

 

 

 

 

Fin document

© Serge Darré 2019

Mots clés : PKK,Turquie,Ocalan,APO,kurdes,Rojava,YPG,Erdogan,purge,Hitler,OSCE,Gülen, Syrie

 

 

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24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 11:47

 

« Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas » Napoléon Bonaparte

 

17 et 24 novembre 2018 : est-on en train de revivre 1789 ?

En tout cas c’est ce que semblent avoir cru nos dirigeants. Que craignaient-ils pourtant ? La loi El Khomri et les ordonnances Pénicaud étaient passées comme une « lettre à la poste », plus exactement l’exécutif s’était assis sur la représentation syndicale en l’ignorant purement et simplement.

Les collectivités locales étaient tout autant méprisées par ce même exécutif qui mettait systématiquement en place, suivant ses prédécesseurs, un contrôle extrêmement strict visant à les transformer à terme en simple centres de coûts.

De même, on avait carrément insulté les personnes âgées en disant aux retraités que c’est eux qui allaient payer pour les autres.

Le président Macron paraissait alors surfer sur la vague, dans le sens où rien ne lui résistait.

En même temps, certes, quelques aspects pouvaient être gênants :

  • Le fait que l’exécutif ne représente qu’en gros un quart des français, le taux de participation aux législatives de 2017, les élections les plus importantes dans les vraies démocraties, avait été inférieur à 50%
  • D’autre part on avait méprisé les salariés et le « vieux monde » avec les lois travail ci-dessus, mais, tout à coup, c’était une autre population qui semblait entrer en rébellion, celle, pour faire simple, des petits artisans et des auto-entrepreneurs, semble-t-il plus chère à leur cœur.

On n’a pas, à vrai dire, tellement plus d’explications. Dit de manière plus générique, on ne peut expliquer une soudaine prise de conscience que par la réalisation que les élites sont totalement déconnectées, en fin de compte, des préoccupations des gens d’en bas. Ce n’est pas nouveau non plus. C’est même en quelques sorte à l’honneur de ce gouvernement d’avoir eu cette prise de conscience qui n’a pas effleuré, par exemple, Hollande qui est allé tranquillement jusqu’à la défaite sans jamais se remettre en cause. Dont acte !

Avant d’attaquer le déroulé des faits et pour ne plus y revenir, on rappelle deux documents écrits par l’auteur qui alertaient déjà sur ce manque de démocratie inhérent à la Vé république en France :

  • LA CONVERGENCE DES LUTTES – POURQUOI ET COMMENT ? – mars 2018
  • VIème république : la constitution de vos rêves – novembre 2016

© Serge Darré

Le mouvement des « Gilets jaunes » (on ne mettra plus de guillemets) démarre par une forte mobilisation. On attend, pour le premier samedi, le 17 novembre 2018 de très nombreux blocages que ce soit filtrants sur environ 2 000 ronds-points, ou parfois quasi bloquants comme sur certaines routes. On s’attend aussi à des attaques directes spécifiquement contre les péages d’autoroutes, les radars et même certains automobilistes ou camionneurs refusant de s’arrêter.

Les forces de sécurité : police et gendarmerie, déjà très sollicitées récemment, vont devoir être réparties sur tout le territoire et faire avec peu de moyens. En outre, et c’est de là que tout va démarrer, le ministère de l’intérieur, qui scrute les réseaux sociaux, croit savoir que les Gilets jaunes  vont chercher à s’introduire dans l’Elysée, Matignon ou autre lieu de pouvoir comme l’Assemblée nationale. Ceci n’est pas d’ailleurs qu’une erreur, il y a eu des appels bien réels de personnes comme Eric Drouet et les G.J., partout, sans concertation préalable à ce qu’on sache, manient des symboles de 1789 : ils arborent le drapeau français et chantent la Marseillaise, certains portant aussi le bonnet phrygien.

 

Dans le « cercle du pouvoir », comme on dit, on ne craint pas moins qu’une répétition de la journée du 6 octobre 1789 où le peuple de Paris est venu chercher le roi et la reine à Versailles pour les obliger à venir résider à Paris.

C’est sur cette base que le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, se souvenant sans doute qu’il a été un excellent joueur de poker, va tenter un coup … de poker. Il va consacrer l’ensemble des troupes parisiennes à la défense des seuls lieux de pouvoir. Ne laissant qu’une seule compagnie pour s’occuper de tout le reste de la capitale. Le coup de bluff va alors consister à faire charger cette unique compagnie le samedi matin à 9h50 (on n’a pas réussi à retrouver l’heure exacte). On espère ainsi dégager les Champs-Elysées, puisque c’est là que cela se passe et qu’un maximum de gens rentreront chez eux.

Cependant les choses ne vont pas se passer comme prévu « dans le meilleur des cas » :

  • Les G.J., tout d’abord, sont pour la grande majorité des primo manifestants, n’ayant pas, dès lors, l’habitude de courir dans l’autre sens à la première charge des CRS
  • Ils sont, d’autre part, tellement convaincus de leur bon droit, qu’ils ne comprennent tout simplement pas ce qu’ils considèrent comme une agression,
  • Étant, d’autre part, souvent des ruraux ils sont un poil plus « rustiques » que les salariés des administrations et grandes entreprises participant aux manifestations structurées
  • D’autre part, les effectifs de police sont insuffisants pour empêcher les manifestants chassés des Champs d’y revenir par des rues adjacentes
  • Enfin, le degré d’impréparation est tel que les G.J. n’auront aucun mal à trouver sur l’avenue toutes sortes d’objets contondants pour se défendre à partir, notamment de chantiers en cours.

Résultat : forces de l’ordre et manifestants vont effectivement s’affronter pendant en gros 12 heures, devant les caméras des chaînes d’info. Il y a des blessés de part et d’autres et, en fin de journée, les forces de l’ordre ont épuisé tout leur stock de gaz lacrymogène. Ceci étant effectivement inhabituel dans un contexte français, mais bon !

A un moment donné, quelques centaines d’entre eux atteignent même la rue du Faubourg saint-Honoré ; ils sont à quelques pas du palais de l’Elysée ! S’ils avaient été 300 de plus, ou si une partie de la banlieue s’était jointe au mouvement, peut-être auraient-ils réussi à forcer le barrage des forces de l’ordre ? Et à tirer le couple Macron (Cf. louis XVI et Marie-Antoinette) de son lit ? Peut-être. Mais ces 300 personnes ne sont jamais venues !

Une semaine après, le 24 novembre, nouvelle manifestation au cours de laquelle les G.J. vont être coincés place de l’Etoile et se répandre dans les avenues adjacentes. C’est ce jour-là que le monde entier va découvrir des images de voitures en feu dans Paris. Cependant, il faut insister là-dessus, des observateurs expérimentés ont souligné qu’il n’y a pas eu plus de dégradations qu’une nuit de la Saint-Sylvestre « normale » ou suite à la « fête » célébrant la victoire en Coupe du monde la même année.

Et c’est tout ? Oui, en gros c’est à peu près tout. Sauf à rappeler que les chaînes info, notamment BFM TV, mais pas seulement eux, ayant fait une audience record au cours de ces deux journées, ne sont pas prêtes à lâcher l’affaire. Leurs plateaux sont pendant plusieurs semaines consacrées quasi exclusivement à la « Crise » des Gilets jaunes.

 

Les Gilets jaunes, à qui a-t-on affaire ?

Déclarations des Gilets jaunes, quelques exemples :

  • Les élus sont tous corrompus
  • Les députés devraient être payés au SMIC
  • Les syndicats sont des pantins du gouvernement
  • Les journalistes sont tous pourris
  • Je ne bougerai pas de ce rondpoint tant qu’on ne me donnera pas 300 euros de plus par mois
  • Il faudrait réduire la TVA sur les produits alimentaires

On n’a pas mis les guillemets mais en même temps aucune phrase n’a été altérée.

 

Mouvement issu de la base, auquel l’auteur de ces lignes a souscrit dans un premier temps car favorable au gel de la taxe carbone, mais base avec tout ce que cela implique :

  • Haine envers tousceux qui semblent émerger en leur sein, jusqu’à des menaces de mort
  • Attaques virulentes contre la presse, par exemple en empêchant la Voix du Nord de paraître
  • Attaques contre les élus (et un restaurateur de Toulouse), pas toujours revendiquées, mais justement, on ne sait plus qui est qui et tous les bas instincts ressurgissent

Outre une colère liée à leurs difficultés matérielles, la haine, l’ignorance et la jalousie sont trois moteurs importants de leur action.

Alors que faut-il en penser ? On pense qu’il faut respecter tout le monde, même ceux qui n’ont aucun diplôme et qui n’auraient peut-être rien à perdre à un renversement de la société. Il faut les respecter, mais, leur parole n’a pas non plus d’avantage de valeur que celle d’un enseignant, d’une employée de la grande distribution vivant en banlieue ou d’un cadre travaillant à la Défense. Quand on fait de la politique, on ne doit pas mélanger avec le religieux : « Les derniers seront les premiers ».

Or, si on considère que tout le monde vaut un (comment faire autrement ?), il faut rappeler que le 8 décembre, par exemple, ils étaient 8 000 à manifester dans Paris, soit beaucoup moins qu’une manifestation organisée par le CGT, et infiniment moins que les grandes manifestations contre le « Mariage pour tous ».

Et en province ? En province on s’en fout un peu, car si les voitures n’avaient pas brulé à quelques hectomètres des Champs Elysées tout cela n’aurait eu quasi aucun impact, comme une manif des infirmières !

Comme transition avec ce qui suit on peut remarquer aussi, concernant les G.J, qu’ils ne semblent pas en vouloir à aucun moment aux patrons. Or leurs revendications ont évolué principalement vers le pouvoir d’achat et ce sont tout de même les entreprises qui versent les salaires ! Leurs demandes sont adressées au pouvoir, à l’Elysée, comme si c’était l’Etat qui distribuait les revenus. Ce qui prouve aussi que s’ils ignorent certaines choses, comme le taux de TVA réduite, ils ont en revanche parfaitement intégré ce qu’est le social-libéralisme. On y revient dans un instant.

 

 

Les mesures prises (et à prendre), le social libéralisme dans toute sa splendeur

" Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite " Talleyrand

La réponse à la « crise des gilets jaunes » a consisté :

  • Tout d’abord à mettre en place d’avantage de mesures pour faire avaler la hausse des taxes, comme des primes massives pour un changement de véhicule
  • Puis dans un package d’annulations, au moins pour la durée du quinquennat, des hausses de taxes sur l’énergie
  • Enfin dans des mesures « sociales » annoncées le 10 décembre 2018, consistant pour l’essentiel en une annulation de la hausse de la CSG jusqu’à 2 000 euros de retraite (mais non de la non indexation), une augmentation massive de la Prime d’activité (impôt négatif) au niveau du SMIC, la défiscalisation des heures supplémentaires.

Le coût récurrent en année pleine de ces mesures a été évalué à 11 milliards par la Cour des Comptes, je pense qu’on est plus près de douze en incluant les mesures préventives.

Etait-ce bien indispensable vu que la journée du 6 octobre 1789 n’a pas eu lieu ? Ce qu’on peut dire dans un premier temps, c’est que des « 3 M », les noms de famille des trois principaux dirigeants européens, il n’y en a que deux qui ont réellement des burnes, ce sont Angela et Theresa.

Comme l’a déclaré le patron de la Bundesbank : Jens Weidmann à propos de ces mesures : « "Respecter le plafond de 3%" de déficit et "réduire le déficit structurel de manière appropriée" seraient la bonne voie à prendre surtout que "l'économie française se porte bien" et que "la dette reste très élevée" dans un contexte où il est désormais sûr que la dette publique va atteindre 100% du PIB dans les semaines ou les mois à venir.

La Cour des Comptes française a aussi fait le même constat un peu plus tard. On rappelle aussi que nous sommes (nous étions déjà avant ces mesures) le pays ayant les prélèvements obligatoires et les transferts sociaux les plus élevés de l’OCDE, ainsi qu’un chômage supérieur à la moyenne.

Ce qu’il faut observer aussi c’est que ces mesures ont été décidées fin décembre, en principe trop tard pour une application début 2019. Sauf que le Sénat, en principe à majorité LR, les a votées en urgence. Syndrome du 6/10/1789, c’était la première fois qu’un parti votait le budget présenté par un autre parti sans discussion. La classe politique a donc fait corps. Ce qui montre aussi qu’ils n’ont aucune différence sur le fond. Marine le Pen parlait d’UMPS, il faut en réalité parler d’UPRM, soit la convergence idéologique des trois grands partis de gouvernement.

On en revient au sujet du social-libéralisme.

En fait le troisième « M » a aussi cru être malin : la prime d’activité et la réactivation d’une mesure « Sarkozy » sur les heures supplémentaires, il les avaient déjà en tête. C’est donc une simple accélération de mesures que ce fils de Hollande aurait prises à un moment ou à un autre. Notons d’ailleurs que les mesures pour les smicards ne sont pas raccord avec les demandes des G.J, qui ne sont pas tous smicards, loin de là. Et rappelons aussi que créer trop d’aides à ce niveau de rémunération comporte un risque avéré d’enfermer ces populations dans une « trappe à pauvreté », pour toute leur vie, c’est-à-dire qu’ils/elles n’ont aucun intérêt à demander d’augmentations de salaires sous peine de perdre un ou plusieurs avantages sociaux.

Et donc, quelle est la définition du social-libéralisme ? on ne va pas entrer ici dans les finesses de la théorie des idées politiques. Le S-L c’est de nos jours ce qui a été mis en œuvre concrètement par Blair en GB, Schroeder en Allemagne et Hollande/Macron en France. Il consiste en :

  • Une foi totale dans les seuls mécanismes du marché d’un côté (acceptation des règles européennes très concrètement) et « cadeaux » envers les riches qui ont le pouvoir d’investir
  • Des aides toujours plus sophistiquées et importantes envers les « plus pauvres » d’autre part, dans une optique généreuse, on veut bien, mais surtout clientéliste : en faire les obligés du pouvoir.

Il s’agit, comme on peut les observer « in vivo » de politiques orientées vers les 1% les plus riches et les 15% les plus pauvres. Et les 84% autres ? Ceux-là sont réputés vivre heureux dans le paradis social-démocrate et même prêts à donner toujours un peu plus, comme les cadres français par exemple.

Or les grands partis sociaux- démocrates ont connu de très importants revers électoraux ces dernières années : GB, Allemagne, Italie, France, Autriche … Tout d’abord, outre la pression fiscale qui a augmenté à des degrés divers dans tous ces pays, parce que les « plus pauvres » ne votent pas ou ne se voient pas comme tels, ou tout simplement ne veulent pas être considérés des assistés. En n’oubliant pas, si on veut faire un peu de théorie politique, que ce qui a été donné est vite oublié : deux ans après l’électeur a intégré l’aide mais ne sait plus qui l’a votée. D’où les 6% du PS à la présidentielle de 2017.

 

Cela ne poserait d’ailleurs pas tellement de problèmes d’un point de vue politique : l’UPRM se trouvera un autre représentant, ou peut-être même le même.

Oui, mais d’un point de vue social et économique, on ne peut pas, en regardant ce qui se passe au Venezuela, ne pas penser que le même type de conflit pourrait arriver assez rapidement en France. Le scénario : il suffirait que le taux d’intérêt sur la dette, 99,1% du PIB à ce jour, augmente de seulement 1,5%, pour passer de 0,9 à 2,4 % par exemple. La spirale dette/taux d’intérêt deviendrait alors très vite insupportable. Et il faudrait trouver un moyen de trancher dans le vif. Or, comme au Venezuela, on aura alors deux Frances qui se regarderont comme deux ennemis :

  • Celle qui demande moins d’impôts et plus de liberté économique pour pouvoir respirer
  • Et celle qui ne veut renoncer à aucune aide publique car tous les transferts sociaux sont dans la loi.

La France n’est pas le Venezuela ? On voudrait en être sûr. On n’en est pas totalement convaincu tant les gouvernements successifs de ces trente-cinq dernières années n’ont jamais réussi à baisser les dépenses publiques et/ou les transferts sociaux. Sachant aussi qu’à la suite des bas salaires il faudra bien envisager un jour des mesures pour les chômeurs et les gens au RSA. Et que, d’autre part, à l’issue du « Grand débat », d’autres cadeaux devront aussi être faits.

 

 

Fin document.

© Serge Darré février 2019

Mots clés : gilet,jaune,crise,démocratie,président,Elysée,sociaux,libéraux,élu,rural,banlieue,solidarité,politiques,SMIC,aide,social,transfert,pression,fiscale,haine,jalousie

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 juin 2018 4 07 /06 /juin /2018 14:05

Et si la solution était la Jordanie ?

 

Pour faire suite à mon article « Pourquoi les chrétiens sont-ils obligés de se référer à l’ancien testament ? » publié sur Overblog, on a souhaité aller plus loin et chercher une ébauche de solution plus politique. Il s’agit donc bien du conflit israélo –arabe dont la manifestation la plus tangible est la colonisation d’un peuple par un autre sans solution en vue à ce jour.

 

  1. Une solution qui aurait dû aller de soi

Il suffit, par exemple, de faire quelques kilomètres à l’ouest de la capital jordanienne, Amman, pour voir Jéricho en contrebas, en Cisjordanie occupée. Par la route, elle est distante de seulement 50 kilomètres du pont Allenby qui passe sur le Jourdain et délimite la frontière entre les deux « pays ». Puis reste à faire quelques kilomètres pour atteindre Jéricho. Un peu plus au sud, c’est la Mer morte qui sépare les deux entités.

Il faut ajouter que les deux sont de même religion : majorité arabe avec une minorité chrétienne. En outre le souverain jordanien est aussi reconnu à l’international comme le gardien des lieux saints de l’islam à Jérusalem est.

On voit bien aussi les avantages que cela pourrait représenter car si la frontière entre Israël et « nouvelle Jordanie » passait au niveau de la frontière reconnue de 1967 Tsahal ne pourrait pas impunément se déplacer dans ce pays dès lors étranger comme ils le font aujourd’hui dans leur colonie. Les palestiniens auraient pour leur part un débouché naturel non plus vers l’ouest mais vers l’est puisqu’ils pourraient travailler en Jordanie.

Il y aurait certes deux questions à régler :

1. Gaza à ce jour séparé de la Cisjordanie occupée. Nous n’avons pas tout de suite de solution sur ce point mais rappelons les chiffres : la Cisjordanie a environ 3 millions d’habitants contre 2 millions pour Gaza. Donc pour ces 3 millions le problème serait au moins résolu. Rappelant aussi que malgré toutes les déclarations les deux fonctionnent en fait déjà comme des entités séparées d’un point de vue politique. Ce que l’on imagine c’est que Gaza puisse, après référendum, choisir d’être rattaché à l’Egypte comme une province largement autonome de ce pays. Là aussi il y a une frontière commune donc pas d’obstacle particulier autre qu’idéologique. Et Gaza cesserait d’être de fait une prison à ciel ouvert. Israël ne pourrait pas non plus contrôler ses eaux territoriales comme actuellement car ce seraient celles de l’Egypte.

2. Les très nombreuses colonies israéliennes implantées en Cisjordanie pour que la colonisation devienne irréversible (et parfois pour de bonnes raisons, religieuses). Ces populations auraient un choix, soit de retourner en Israël, sur financement des Nations unies, soit de devenir citoyen jordanien tout en gardant leur passeport israélien au cas où. Cela est tout à fait possible et a au moins un précédent historique : la Grande Bretagne ayant permis aux citoyens britanniques de garder leur passeport après la décolonisation. Ce qui permet à leurs enfants ou petits-enfants d’en avoir encore aujourd’hui. Mais la vie de ces colons deviendrait intolérable en terre arabe ? Faux, j’étais en Afrique du Sud peu avant 1994 et on disait cela. Or la vie des blancs n’est pas devenue impossible comme ils le craignaient. Il n’y a pas eu de vengeance en tant que telle. Mais il faudrait que la stabilisation ne tarde pas trop non plus pour que les anciens préjugés disparaissent. Rien d’insurmontable.

Il y a, d’autre part, une question qui ne sera pas réglée du tout, celle du « droit au retour ». Donc d’accord, les palestiniens ne pourront pas revenir vivre à Haïfa ou Jaffa comme leurs grands-parents. Cela on y renonce mais dans le contexte actuel leur espoir est de toute façon nul que cela arrive un jour. Et puis, on va tout se dire, un juif ne pourrait pas réclamer la maison de ses grands parents en Iraq ou en Egypte non plus. On lui refuserait et on ne lui permettrait pas non plus réellement de vivre dans le même quartier en sécurité. Et puis, on va tout se dire, un juif ne pourrait pas réclamer la maison de ses grands parents en Iraq ou en Egypte non plus. On lui refuserait et on ne lui permettrait pas non plus réellement de vivre dans le même quartier en sécurité.

Il y a d’autre part la question de la diaspora vivant, par exemple, dans des camps au Liban. Ils pourront devenir jordaniens, un permis de séjour ne pourra leur être refusé. Ce sera dès lors à eux de voir ce qu’ils préfèrent. Ce n’est pas la solution dont ils rêvent mais a priori meilleure que ce qu’ils vivent aujourd’hui. On rappelle au passage que les palestiniens vivent à peu près en nombre égal dans les limites de la Palestine de 1947 et à l’étranger, soit à peu près 6 millions d’individus pour chaque groupe. Mais sur cette moitié vivant à l’étranger, peut-être 2,5 millions sont-ils jordaniens. Donc on règle quand même la question pour beaucoup !

On peut aussi aller plus loin dans la solution et dire que dans le cadre d’un « Accord général », les palestiniens du Liban et de Syrie pourraient tout simplement obtenir la nationalité de ces pays dans un délai de 3 ans. Au-delà ils redeviendraient « étrangers » ou pourraient être contraints à quitter le pays. Et dans ce cas extrême ils auraient encore le solution « Nouvelle Jordanie ».

On évoque aussi le sort de la minorité arabe en Israël. Elle aurait les mêmes droits que les colons israéliens, c’est-à-dire qu’elle pourrait décider d’aller vivre en Cisjordanie, par des échanges de maison, ou de rester en Israël avec un double passeport. Là aussi, puisqu’on a évoqué l’Afrique du Sud, rappelons que rien ne sera dramatique dans la mesure où les deux pays seront en paix et sans frontière pour les échanges commerciaux et les voyages. On préconise, pour que chacun reste fidèle à ses origines dans un ensemble unifié, que les études puissent être suivies dans les deux langues jusqu’à la fin du secondaire mais, dans le supérieur, les universités seraient seulement dans une langue : hébreu en Israël et arabe en Jordanie.

 

Pour être exact, il faut préciser que cette solution, tellement évidente, était celle qui était préconisée jusqu’en 1967 mais que depuis on n’en parle plus du tout. Il faut donc revenir aux causes historiques et politiques.

 

 

  1. La trahison jordanienne en 1948

En mai 1948, le coup de force juif n’était pas totalement inattendu. On savait chez les arabes que cela allait arriver mais ils n’avaient pratiquement pas d’armes et on pensait que les jordaniens viendraient à leur secours (les autres pays arabes, spécialement Egypte ne pouvant pas faire grand-chose à l’époque car ils étaient encore des colonies qui accédaient ou allaient accéder à l’indépendance). Or cela n’allait pas être le cas.

On se réfère ici au livre d’Ilan Pappé – La guerre de 1948 en Palestine – éditions 10 – 18.

Rapport de la Haganah à Ben Gourion en mai 1947 : « la légion arabe (jordanienne) est aujourd’hui la force la plus sérieuse … Elle est bien équipée et commandée par des Anglais. »

Sachant que la Transjordanie, comme on l’appelait à l’époque n’était elle-même formellement indépendante que depuis 1946, soit à peine deux ans. En janvier 1948, par exemple, une unité combattante palestinienne enregistre des succès contre la Haganah dans le nord, mais le souverain hachémite (transjordanien), va interdire le passage de renforts en hommes, sur le conseil des britanniques. Il ne devait plus y avoir par la suite de résistance efficace d’unités palestiniennes ou syro- palestiniennes, sauf autour de Jérusalem.

C’est que le roi Abdallah, convaincu peut-être de l’inefficacité de la Ligue arabe et conscient qu’il n’avait pas d’allié arabe et un très petit Etat très largement désertique, avait négocié un accord secret avec les sionistes. Il ne devait donc engager aucune troupe alors qu’il était le seul à avoir une armée entrainée.

Rapport des diplomates britanniques en poste à Amman en avril 1948 : les déclarations d’Abdallah sur ses intentions de combattre les sionistes « n’avaient pour but que de calmer l’opinion publique arabe. »

On abrège ici. Pour une vision plus exhaustive de la Palestine début 1948, Cf. l’ouvrage cité. En tout état de cause il y eut bien trahison car l’accord ne fut jamais reconnu officiellement. Il garantissait que la Transjordanie allait récupérer la fertile Cisjordanie à l’issue de la guerre.

 

  1.  Après 1948 la Cisjordanie rattachée à la Jordanie

En échange de sa neutralité globale pendant le conflit, Abdallah obtint donc le rattachement de la Cisjordanie et d’une partie de Jérusalem à son petit pays. Il a donc géré la situation au mieux de ce qu’il jugeait possible mais, dans le monde arabe et auprès des palestiniens son image était évidemment ternie. Il est d’ailleurs assassiné en 1949 par des partisans du mufti de Jérusalem.

En tout cas, en 1950, la situation est celle que nous préconisons aujourd’hui. Reste à savoir ce qui s’est passé pour qu’un retour paraisse aujourd’hui totalement inenvisageable.

La situation est tout d’abord bouleversée par la guerre lancée par Israël en 1967 dite des « Six jours » qui sera un succès total pour ce pays. L'Égypte perd la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï, la Syrie est amputée du plateau du Golan et la Jordanie de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Il s’agit, pour l’Etat hébreu d’une part de dire « on ne discute plus » alors qu’on a vu qu’il avait eu absolument besoin de la neutralité de son voisin en 1948, d’autre part d’agrandir son territoire et repousser par là même la frontière rendant à l’avenir une attaque surprise plus difficile. On doit dire aussi qu’Israël était en quelque sorte en droit d’attaquer le premier car aucun de ses voisins ne le reconnaissait officiellement (ce qui est encore le cas de nos jours à l’exception de l’Egypte). Par voie de conséquence, comme l’affirmait Nasser quelques semaines avant le conflit l’objectif de tous ses voisins était bien la destruction de l’Etat juif.

A la suite du conflit l’ONU vota la résolution 242 qui est toujours en vigueur et exige la restitution de la Cisjordanie, pour ce qui nous concerne, mais sans dire à qui. On y reviendra.

Pourquoi l’armée israélienne a-t-elle attaqué la Jordanie aussi ? Cet état ne constituait plus une menace comme en 1948 car ils s’étaient considérablement renforcés entre temps. Il y a deux raisons de fond :

  • Tout d’abord, l’accord de 1948 n’était pas écrit, il n’était même que tactique comme vu plus haut. Pour les israéliens impossible de renoncer complètement à ce qu’ils appellent la Judée et la Samarie
  • L’autre raison, nous allons l’examiner dans ce qui suit :
     
     
  1. La création de l’Organisation de Libération de la Palestine

L’OLP est en quelque sorte une création des Etats arabes qui avaient besoin d’un interlocuteur unique chargé de représenter les palestiniens (de l’intérieur et diaspora). Elle a été créée en 1964 en Egypte.

Mais pourquoi, en 1964, ce rôle n’est-il pas donné au souverain hachémite ? Pour ne pas y revenir c’est que les pays arabes se font zéro confiance entre eux. La première OLP est donc contrôlée par l’Egypte. Par la suite il allait même y avoir une OLP dissidente contrôlée cette fois par la Syrie. Et, pour ne pas y revenir non plus, de 1948 à aujourd’hui l’aide concrète apportée par les « frères » arabes est surtout de la rhétorique, à l’exception de l’aide apporté aux camps de réfugiés par les monarchies du Golfe, que l’on ne peut ignorer non plus. En tout état de cause, après 1967, toutes les forces vives de la résistance armée sont effectivement hors de Palestine.

L’OLP va se radicaliser à partir de la nomination à sa tête de Yasser Arafat, chef du Fatah, groupe qui combat Israël en menant des incursions depuis la Jordanie.

C’est là la deuxième explication de la question posée plus haut : Israël ressent la nécessité de faire reculer cette résistance armée au-delà du Jourdain.

Bon, mais avec le temps, la raison et l’aide de la communauté internationale, les choses n’étaient peut-être pas finies et la résolution 242 irait peut-être jusqu’à rendre la Cisjordanie à la Jordanie ? Oui, mais non, car le divorce allait devenir définitif.

 

  1. Septembre noir

On s’appuie ici surtout sur Wikipedia. Le Fatah, dès le début des années soixante, constitue un Etat dans l’Etat en Jordanie pour être tranquille dans sa lutte contre Israël et parce qu’il ne reconnait pas le roi : impôts, douanes, quartiers réservés …. Comme Hussein, de son côté continue à discuter avec l’ennemi pour mettre fin aux incursions, il devient clair qu’il n’y aura pas de place pour deux.

On cite : « Le 17 septembre 1970, l'armée jordanienne intervient massivement contre les fedayins, et l'artillerie commence à bombarder les camps de réfugiés et les bâtiments qui abritent les organisations palestiniennes. Au bout de dix jours de pilonnages, les camps sont rasés et les organisations palestiniennes doivent trouver refuge au Liban et même en Israël, certains des fedayins de Yasser Arafat préfèrent traverser la frontière israélienne pour ne pas se faire massacrer par les soldats jordaniens. »

Malgré cela, la majorité de la population palestinienne, encore de nos jours, est d’origine palestinienne. Et il faut bien admettre que les divorce est depuis définitif. Après la question que l’on peut se poser est : qui a tort qui a raison dans l’affaire ? L’OLP a gagné une reconnaissance internationale et est jugée aujourd’hui incontournable. Mais est-ce dans l’intérêt du peuple palestinien ? On ose répondre que non.

 

  1. Rôle de l’OLP depuis lors

On vient de voir que le « service rendu » de l’OLP vis-à-vis des palestiniens est très faible, voire négatif. On aborde tout de même rapidement son évolution idéologique depuis 1970.

Si on veut la défendre, on dira tout d’abord que si elle n’avait pas existé il aurait fallu l’inventer. Revenant sur le livre d’Ilan Pappé, on rappelle que les palestiniens de 1947 n’allaient pas au-delà d’alliances tribales ou familiales. Ils respectaient l’autorité du mufti de Jérusalem mais on n’organise pas une résistance avec des autorités religieuses. Au contraire l’OLP est dans la lignée des guerres de libération et d’émancipation des années 45 à 75 et est laïque, unitaire et démocratique.

Sur le modèle des terroristes algériens dans la guerre d’indépendance, l’OLP se fait connaitre et « incarne » les palestiniens par ses actions terroristes. Ils posent des bombes, tuent des soldats israéliens, détournent des avions et sont à l’origine de la prise d’otages des athlètes israéliens lors des J.O. de Munich.

Ces actions, pourtant, sont peu effectives en termes d’objectifs militaires et, au-delà de la fierté qu’elles procurent dans les camps de réfugiés, ne servent pas à grand-chose. C’est pourquoi l’OLP va devoir évoluer au fil du temps. Cela la mènera à des discussions avec l’ennemi israélien qui déboucheront sur les accords d’Oslo en 1993.

Mentionnons aussi que les palestiniens « de l’intérieur », même si on ne peut pas les interviewer, semblent, dans les faits, avoir une toute autre politique de résistance : ils s’accrochent à leur terre et disent par là à l’occupant : « nous resterons malgré les souffrances ». On est beaucoup plus ici dans la résistance passive que l’OLP n’incarne pas.

Un mot donc sur ces accords d’Oslo aussi, forcément, pour aller au bout de ce sujet. Ces accords visaient pratiquement à arrêter la guerre larvée entre Tsahal et l’OLP, mais sans définition de ce que serait l’objectif final, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de certitude que cela se terminerait par l’indépendance. L’Etat palestinien, qui a son siège à Ramallah, n’est que coadministrateur de la Cisjordanie avec les autorités d’occupation (Cf. Julien Salingue).

On retrouve toute la duplicité des sionistes comme en 1948, Cf. plus haut. L’OLP joue aussi, évidemment, un double jeu tant il est vrai qu’après avoir reconnu que la solution militaire ne fonctionnait pas, il a fallu découvrir aussi qu’avoir les clés des cellules de la prison ne donnait pas non plus le moyen d’en sortir. Ainsi, même s’il ne les a pas forcément créés (les historiens nous le diront), le Fatah a au moins toléré les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa qui s’attaquent à des cibles civiles israéliennes et même arabes. En juillet 2007, un accord avec les autorités d’occupation a permis à plusieurs centaines de ses membres d’intégrer la police de l’Autorité palestinienne en échange d’une renonciation à de futurs attentats.

Cela signale encore une fois que ces attentats suicides n’ont pas de portée pratique, sinon renforcer la population israélienne dans sa haine des arabes. On veut signaler ici que d’autres actions sont/auraient pu être beaucoup plus effectives :

  • Enlever des soldats israéliens : car Israël met un point d’honneur à tout faire pour récupérer ses soldats capturés par l’ennemi. Ainsi celui de Gilad Shalit par le Hamas en juin 2006 a mené à la libération d’un millier de prisonniers politiques palestiniens en 2001 ! Signalons aussi l’échange avec le Hezbollah libanais des corps de deux soldats enlevés en 2000. Il y a là un premier talon d’Achille que l’OLP ne peut pas ou ne veut pas exploiter.
  • Mais elle bénéficie en fait d’une « arme atomique » beaucoup plus puissante : si l’Autorité palestinienne quittait Ramallah, tout simplement, du jour au lendemain, il n’y aurait plus de « collabo » pour faire le sale boulot. Dès lors les autorités d’occupation devraient, à plus ou moins longue échéance, reconnaitre que la Cisjordanie fait partie de leur territoire ce qui, un jour, forcément devrait les conduire à donner le droit de vote aux palestiniens de ce territoire. Dès lors, ils risqueraient tout simplement d’aboutir à la situation qu’ils ont toujours voulu éviter : se retrouver en minorité par rapport aux arabes.
    Mais on ne veut pas s’arrêter seulement à l’inefficience de l’OLP. Il faut, même brièvement, montrer aussi la férocité de l’adversaire auquel ils sont confrontés.
     
  1. Les preuves de l’hyper violence sioniste

On ne va ici, comme pour le point 6, donner que quelques exemples. Dérouler toute l’histoire prendrait évidemment beaucoup de temps.

  1. Ils ont inventé le terrorisme contre les populations civiles : déclaration de l’Irgoun en 1938 « « il faut créer une situation où la vie d’un Arabe ne vaudra pas plus que celle d’un rat. Comme ça, tout le monde comprendra que les Arabes sont de la merde, que nous sommes, nous et non eux, les véritables maîtres du pays ». Ainsi (un exemple) une bombe explose sur le marché arabe de Haïfa le 25 juillet 1938 faisant 70 mots
  2. Ils ont pratiqué des massacres sélectifs de populations civiles pour parvenir à la déportation d’environ la moitié de la population (Cf. Ilan Pappé – ouvrage cité, qui n’utilise que des sources officielles).
  3. Le Mossad pratique les assassinats extra territoriaux, on va dire, contre les anciens nazis, oui, mais pas que. Bien qu’il y ait peu d’affaires où on dispose de preuves car l’exfiltration des assassins est généralement bien préparée, on peut citer au moins celui du frère de Chico, chanteur des Gipsy Kings, en Norvège en 1973 (erreur de cible) et celui de Mahmoud Abdel Raouf al-Mabhouh, un responsable du Hamas tué à Dubaï le 20 janvier 2010 par des agents dont on a retrouvé les faux passeports européens.
  4. Le Mossad a pratiqué des attentats contre des juifs des pays arabes pour accélérer leur départ – en laissant croire que c’étaient les musulmans les responsables, bien sûr. Au Maroc, ils ont aussi publié un faux communiqué des autorités incitant au « Grand départ » dans les années soixante. Cette politique a eu pour effet de faire passer cette communauté de 160 à 5 mille en quelques années. Des opérations similaires ont été menées au moins en Egypte (Opération Susannah), et Irak. Il faut dire que dans certains de ces pays les juifs n’avaient pas le droit d’émigrer, il aurait donc fallu les « pousser » ?
  5. Ils ont des prisonniers politiques. Là aussi on va dire : ce sont les 7 000 arabes connus ? Oui, encore faut-il préciser que cette liste contient des enfants, que la torture est pratiquée dans les prisons et qu’un détenu peut être emprisonné indéfiniment sans inculpation ni jugement, c’est-à-dire à la seule discrétion de l’armée. A savoir également que l’armée détruit la maison familiale d’un présumé terroriste, quelque soit le nombre de personnes qui y vivent. C’est tout ? Non. Il y a évidemment des citoyens juifs qui sont aussi victimes. On doit citer ici le cas de Mordechai Vanunu, enlevé à Rome par le Mossad, condamné en 1998 pour trahison qui, encore aujourd’hui, a l’interdiction absolue de quitter le territoire et de « parler à des étrangers » (Sic).
  6. Dernier pays au monde pratiquant l’apartheid, Israël a enfin, pour couronner le tout, des lois raciales à l’encontre de 20% de citoyens musulmans. La terre, tout d’abord appartient à l’Etat qui peut faire tout remembrement qu’il souhaite, en particulier chaque fois qu’il faut chasser la minorité arabe plus loin vers les périphéries. Ces derniers n’ont pas, en général, accès à l’enseignement supérieur dans un pays réputé développé. Enfin, la minorité ne fait pas le service militaire (ils en sont « dispensés »), ce qui entraine la perte de très nombreux droits pour la suite de la vie. Parlons des femmes aussi ? Dans cet Etat confessionnel, une israélienne ne peut divorcer sans le consentement … de son mari.

 Cette partie nous amène à la deuxième conclusion : l’OLP n’est pas un interlocuteur valable. Mais l’Etat d’Israël non plus. Il ne peut être associé à la définition de la solution sinon pour l’informer du fait que les choses ont changé et qu’il va devoir faire avec une nouvelle réalité.

 

  1. Vers une mise en place de la solution

Au pays des yaka et des faucon, la solution préconisée peut paraître extrêmement lointaine. Mais, déjà, les faucon ont raison sur un point : faut qu’on arrête de feindre de croire que les deux vont finir par s’entendre. C’est comme si on avait demandé à Hitler et Pétain de négocier quelque chose ensemble. Le second n’était évidemment qu’un vassal.

Alors, qui doit se mettre d’accord ? On devra associer, contre leur gré ou pas, les différents Etats arabes de la région (liste plus loin), mais il n’y a évidemment que deux puissances qui peuvent imposer la paix, les Etats-Unis et la Russie. Est-ce pour cela d’ailleurs, que le Congrès américain est si opposé à ce que le président Trump trouve des accords avec Poutine ? Tout est possible.

En tout cas, le scénario est le suivant : les Etats-Unis annoncent à Israël qu’ils vont diviser leur aide militaire par deux jusqu’à ce que soit communiqué un calendrier de retrait au-delà des frontières de la résolution 242. Et, passé un délai de deux ans, couper toute aide militaire si on n’a pas avancé. En parallèle, la Russie, par l’intermédiaire de son nouvel allié iranien, dotera, gratuitement, le Hezbollah libanais de systèmes anti aériens et laissera passer les armes depuis la Syrie. Rappelant ici que le dernier conflit entre les deux entités en 2006 n’a été qu’un demi succès pour Tsahal.

A l’issue de cette phase, la Jordanie, volens nolens, intègre la Cisjordanie à son territoire. Y compris Jérusalem est, on ne se prononce pas ici sur le fait de gérer la ville sainte au niveau de l’ONU. On ne va pas en reparler encore pendant cinquante ans !

Le jour même, tous les voisins arabes reconnaissent Israël et acceptent les voyages de ses citoyens, y compris d’affaires, sans visas. Ceci est valable notamment pour le Liban et la Syrie. Pour ce qui est de l’Egypte, comme on le préconise aussi, elle intègre en outre la bande de Gaza à son territoire. Ces trois pays devront aussi impérativement, toujours volens nolens mais les deux puissances veillent, dans un délai de trois ans maximum, donner la nationalité à tous les réfugiés qui ne l’ont pas encore. En outre, mais on n’a pas besoin de les convaincre, l’Egypte devient responsable de l’élimination de la branche armée du Hamas, qui est de plus en lien avec Daech dans le Sinaï. La Jordanie a la même responsabilité vis-à-vis de l’infrastructure militaire du Fatah, dont il ne reste en réalité pas grand-chose.

Israël, c’est évident, y gagne d’un seul coup la possibilité de commercer avec tous ses voisins. Ce qui est en fait un gain notable par rapport à la situation actuelle. On pourrait, car il y aura évidemment des tractations parallèles, lui donner un peu plus. Ainsi, malgré une obligation évidente de libérer tous les prisonniers politiques, ceux effectivement condamnés pour crime pourraient avoir à effectuer une partie de leur peine restante dans un pays européen tiers, la Norvège ?

A terme, pas beaucoup plus tard, un marché commun serait évidemment à établir entre les cinq pays cités au moins pour que les guerres et l’oppression appartiennent effectivement au passé. Ce marché commun n’impliquerait pas la liberté d’installation, qui resterait soumise aux législations nationales.

L’organisation dans les nouveaux territoires a été décrite au point 1, ce qui fait que nous n’avons pas plus à dire sur la solution d’ensemble.

 

Lexique

 

Tsahal : l’armée israélienne

 

Haganah : organisation clandestine sioniste créée en 1920, qui se voulait une force de protection pour les Juifs ayant émigré en Palestine, principale force pendant la guerre de 1948, a été incorporée ensuite dans Tsahal.

 

Judée et Samarie : terres bibliques qui ne correspondant pas exactement à l’actuelle Cisjordanie, mais pas loin

Mufti de Jérusalem : un mufti est un responsable religieux sunnite, pour autant que cela ait un sens dans l’islam. En tout état de cause il est une personnalité écoutée. Celui de Jérusalem a ceci de spécial qu’il supervise la mosquée Al Aqsa. En outre, du temps du mandat, il devait être approuvé par les autorités britanniques et de nos jours par le roi de Jordanie

Nasser : Gamal Abdel Nasser Hussein, président de la République d'Égypte de 1956 à sa mort

Fedayin : combattant palestinien qui mène des actions de guérilla. (Cf. aussi Fatah)

Irgoun : Cf. Haganah, en plus extrémiste

Mossad : les services secrets israéliens

Hamas : mouvement politique et militaire palestinien ouvertement islamiste créé en 1987, qui n’a pas reconnu l’existence d’Israël quand l’OLP l’a fait. Opposé à ces derniers mais obligés de parler avec eux pour que Gaza touche l’aide internationale

volens nolens : de gré ou de force ?

Hezbollah : parti politique et organisation militaire représentant l’importante communauté chiite du Liban

 

Bibliographie

Deux livres que je n’ai pas utilisés dans ce document mais qui peuvent être lus avec profit pour ceux qui s’intéressent à ce sujet :

  1. Comment le peuple juif fut inventé – Shlomo Sand- éditions Fayard
  2. Grands reportages à l’étranger, partie « Le juif errant est arrivé » – Albert Londres – éditions Arthaud

 

 

@Serge Darré – juin 2018

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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 14:43

LA CONVERGENCE DES LUTTES – POURQUOI ET COMMENT ?

 

  1. Pourquoi ?

Après tout, nous sommes tous différents, nous avons fait des choix idéologiques différents et nous ne percevons pas nos intérêts de la même manière. La tentation pourrait alors être grande de laisser ceux qui sont aux affaires se débrouiller. Après tout, ils ne feront pas beaucoup plus mal que leurs prédécesseurs.

Oui, mais, évidemment, il y a aussi des facteurs qui font que l’on ne peut pas tout simplement s’en foutre. L’auteur de ces lignes en voit au moins 4 :

  1. Le nombre de lois voté chaque année est considérable (Cf. les différents articles à ce sujet du magazine Capital). Or, bonnes ou mauvaises, cette multiplication et cet amoncellement nous pose finalement des problèmes dans notre vie quotidienne, sans parler, bien sûr des maires et des entrepreneurs. On aurait besoin, comme l’avait dit en 1966 le premier ministre de l’époque, Georges Pompidou, « qu’on arrête d’emmerder les français ». Ou alors, pour quelques lois rares mais bien réfléchies. On en est très loin.
  2. En termes de qualité de la vie démocratique, on peut dire ce qu’on veut des systèmes électoraux des autres pays, mais, chez nous, c’est pire. Dans un pays où 60% des députés appartiennent à un seul parti on est un peu entre l’Ouzbékistan et le Turkménistan. (Cf. S. Darré – Canalbog – « VIème république : la constitution de vos rêves »). Donc quelle légitimité ont-ils pour parler en notre nom ? Ils n’en ont presqu’aucune.
  3. Comme le montre l’OCDE, la France détient maintenant seule le record des prélèvements obligatoires à 45% du PIB. Et ce n’est pas pour investir dans les transports, la conquête spatiale, l’armée et la recherche sur le génome humain comme la Chine. Ni pour développer des universités de tout premier plan comme Singapour. Non, cette hausse continue de la dépense publique couplée à celle du déficit sert avant tout à payer la hausse des prestations sociales. On serait, normalement, mais il faut croire que les choses ont un peu changé, dans une situation pré insurrectionnelle décrite par Alexis de Tocqueville dans son livre magistral « l’Ancien régime et la révolution ».
  4. Enfin parce qu’on sait mieux maintenant, ce que l’élite politico-médiatique pense de nous, les gens d’en bas. Premier exemple, le livre de Patrick Buisson qui narre un dîner à l’Elysée avec Carla Bruni, Bernard Kouchner et Christine Ockrent. Que disent ces sommités ? Que nous sommes arcboutés sur nos traditions nationales et rétifs à la mondialisation et qu’il faudra en conséquence ouvrir grand les portes de l’immigration pour nous remplacer – tout simplement. Il y a d’autre part le livre de Valérie Trierweiler où on apprend que François Hollande traite les pauvres de « sans-dents », version moderne du « salauds de pauvres ». Plus récemment on a appris que Gérald Darmanin, à ce jour ministre du budget, utilisait ses fonctions pour exiger et obtenir des faveurs sexuelles – en toute impunité.

 

Nous ne sommes donc qu’une masse inerte, tandis qu’eux, les sachants, son seuls à savoir ce qui est bon. Encore qu’ils sont aussi écartelés par leur autre obsession : se faire réélire. Mais leur raisonnement est le suivant : c’est moi qui ai raison et en appliquant ma politique les choses vont aller mieux et je serai, dès lors, réélu. Où on se demande qui sont les idiots, en fait ? Sauf que leurs conneries nous coûtent cher aussi. On va donner ci-dessous les exemples les plus récents. Mais on ajoute aussi une cinquième raison.

 

Qu’est-ce que c’est que cette idée d’augmenter la CSG ? Il s’agit de prendre aux uns, les retraités et, pour une part, les fonctionnaires, pour donner aux autres, les actifs du privé et les professions libérales. Il s’agit de nous dresser les uns contre les autres, en somme. Dans le même ordre d’idée, ce qui est en train de se mettre en place est une suppression de la taxe d’habitation pour donner du pouvoir d’achat aux ménages au détriment des communes.

On est très loin de la notion de l’intérêt général qui était l’apanage du général de Gaulle et de Philippe Séguin. On est, quelques décennies après, dans le tout petit : des boutiquiers à courte vue.

 

Début 2018, à l’heure où on écrit ces lignes : outre la hausse de la CSG qui ampute les retraites, d’autres hausses sont, viennent d’être, ou vont bientôt être promulguées. A savoir (liste non exhaustive) :

  • Hausse du paquet de cigarettes d’1 euro
  • Hausse de la part taxe des carburants, 4 centimes par litre pour l’essence et 10 centimes pour le diesel
  • Hausse de la part taxe des factures de gaz, de pas moins de 40% !
  • Mise en place d’une nouvelle taxe sur les abris de jardin
  • Augmentation considérable des amendes liées à la conduite automobile (encore). Pose de 500 nouveaux radars prévue en 2018 qui devrait permettre de dépasser le milliard d’euros d’infractions par an
  • Augmentation très forte aussi des amendes liées, cette fois, au stationnement
  • Toujours les pauvres cons possesseurs d’une voiture : hausse substantielle du coût des contrôles techniques obligatoires

 

 

Du coté des interdictions deux principales sont en cours de promulgation : limitation de la vitesse à 80 kms /heure là où elle l’était à 90 et interdiction du glyphosate et, ça tombe bien car elles sont très symptomatiques de cet écart entre les préoccupations des dirigeants et celles des gens d’en bas.

 

La limitation de vitesse (les il faudrait dire car c’est un chapelet qu’on égrène au fil des années) résulte d’une loi générique sur les moyens de baisser la mortalité liée à la route. Mais a-t-on demandé à la population ce qu’elle en pensait, c’est-à-dire si les sacrifices en termes de libertés et de commodité en valaient la peine ? La réponse est non. On n’a jamais consulté les simples citoyens avant d’ériger la sécurité routière en grande cause nationale.

Mais comment consulter la population de manière honnête ? Ce n’est pas tout à fait simple à vrai dire, on y reviendra. Mais faire une pseudo expérience sur 4 routes dont on sait que les résultats seront inexploitables ce n’est pas une solution non plus. Un partout balle au centre.

 

L’autre interdiction est évidemment celle, à venir, du glyphosate. Le glyphosate est un désherbant puissant, aujourd’hui inévitable dans le cas d’une agriculture intensive, qui est, pour l’essentiel, la nôtre. Il a été déclaré cancérigène probable, puis non cancérigène dans d’autres études. Il est associé à Monsanto qui est le diable en personne. Donc c’est devenu très politique et ce que ne nous disent pas nos « responsables politiques » c’est que, si on accède aux demandes de tous les bien-pensants, les agriculteurs devront simplement employer beaucoup plus de produits un peu moins nocifs, mais carrément en plus grandes quantité. Résultat ?

 

Toujours sur le sujet de l’écologie dont on voit bien qu’on ne va pas le quitter tout de suite : la hausse des prix du gaz. Certes le gaz c’est polluant, cela émet des gaz à effet de serre. Mais tant que cela ? Alors non, pas forcément, il ne présente pas les risques du nucléaire et est beaucoup moins polluant que le pétrole et le charbon et il ne coûte pas cher sur le marché mondial. Alors pourquoi pénaliser à cette hauteur les français qui cherchent seulement à se chauffer pour pas trop cher ?

 

Sur ce sujet et pour faire le lien avec les hausses de prix des carburants, on doit évidemment citer ici la Loi de transition énergétique et les engagements internationaux pour réduire l’empreinte carbone. Et nous n’en sommes en quelque sorte qu’au début. D’autres hausses sont programmées qui vont continuer à réduire le pouvoir d’achat des ménages.

Mais là, les « responsables » marquent un point. Les enquêtes d’opinion montrent en effet que les français sont aujourd’hui convaincus par l’enjeu climatique. Mais sans que cela se reflète non plus dans les votes, spécialement à la présidentielle. Il est vrai que, en plus de ne pas être d’accord entre nous comme vu plus haut, nous sommes aussi très contradictoires y compris, bien sûr, avec nous-mêmes. Notons sur le diesel, par exemple, que malgré les avertissements des scientifiques, une majorité continuait à croire que les modèles les plus récents n’étaient pas nocifs. Le scandale Volkswagen n’a pu être révélé qu’après enquête aux USA.

 

Toute la question est alors celle de la démocratie que l’on illustre ici par cet exemple. Disons que les français veulent faire plus pour le climat. Disons que c’est acquis. Mais disons aussi qu’ils ne veulent pas s’appauvrir inutilement. Alors la question est de savoir où on met le curseur. Soit on s’en remet à la loi et à la force de celui qui gouverne. Soit on cherche des moyens pour consulter les gens d’en bas. Ce qui n’a jamais été tenté.

 

Mais attention. Avant d’en venir aux luttes qui contraindront les dirigeants à cette évolution en profondeur, il faut déjà bien se rendre compte que les questions posées ne peuvent être seulement binaires. Des évaluations doivent montrer les avantages et inconvénients des politiques proposées. Les référendums, entre autres, doivent indiquer très clairement les enjeux. Exemple, celui de Notre dame des Landes, concernant uniquement les électeurs de Loire-Atlantique, posait bien l’alternative : « "Souhaitez-vous le transfert de l'aéroport vers Notre-Dame-des-Landes ?", c’est-à-dire qu’en cas de Oui, les nantais, par exemple, perdaient bien à terme en commodité puisque l’aéroport s’éloignait, mais plus grand en revanche.

 

On revient, puisqu’on y est, sur le déni de démocratie qui nous met, on l’a dit, au niveau du Turkménistan. C’est-à-dire qu’on fait un référendum puis, dans un deuxième temps, on analyse si, peut-être, on va respecter le résultat … ou pas.

La crise majeure de la démocratie va donc, on le déplore, au-delà de la formule qui reste vraie : « élections piège à cons ». Puisqu’on a aussi « consultation c’est tout bidon ».

 

Il va donc être temps d’en venir aux luttes. Cependant, outre les référendums s’ils étaient respectés comme dans les grandes démocraties, disons que la consultation des citoyens pourrait s’exercer sous forme de panels. De même qu’on ne peut pas se récuser a priori si on est appelé pour faire partie d’un jury d’assises, les citoyens désignés par les algorithmes statistiques seraient tenus à participer, pendant trois jours par exemple, à des séminaires sur telle ou telle question. Sur une question comme la future loi sur l’euthanasie, par exemple, on pourrait rassembler 1 000 français dans 5 régions différentes jusqu’à arriver (ou pas) à une formulation de la loi que le législateur n’aurait plus dès lors qu’à appliquer. Mais, pour aller encore plus loin, Cf. encore une fois notre article « VIème république : la constitution de vos rêves ».

 

 

  1. Réalité de certaines luttes récentes et idées pour de nouvelles

 

    1.  Des luttes récentes couronnées de succès

 

Face au constat « élections piège à cons », il faut dire ici que l’on ne porte pas de jugement sur la violence de certaines de ces luttes. Elle ne fait, somme toute, que répondre au mépris des dirigeants. On va en citer trois récentes :

  • Lutte des « bonnets rouges » en Bretagne « intérieure » en 2013 pour obtenir l’annulation des portiques écotaxe. C’est un exemple à suivre de lutte associant patrons et ouvriers avec des méthodes forcément pas trop légales.
  • Lutte des guyanais pour la Guyane décoller en 2017 (Pou lagwiyann dékolé en créole de là-bas). Menée au départ sur la question de la sécurité, elle a évolué vers un blocage de la région pour demander et obtenir des moyens supplémentaires pour les services publics.
  • Lutte, en 2018 des agriculteurs du sud-ouest (notamment) pour la non remise en cause des avantages financiers liés à l’agriculture de montagne (on simplifie). On ne les a écoutés que quand ils ont réussi à bloquer Toulouse, quatrième ville de France. Tous n’ont pas obtenu satisfaction mais beaucoup oui.

 

Ces luttes démontrent que les succès d’estime de manifestations et pétitions ne servent à rien. A un moment donné, pour imposer un rapport de force, il faut faire mal. CQFD. Mais il faut aussi éviter de dresser les français les uns contre les autres pour éviter de « reproduire » Macron ; elles étaient aussi généralement acceptées dans leur contexte local.

Ceci définit d’ailleurs en creux ce que ne doivent pas être les luttes que nous approuvons : le blocage des trains et métros, notamment, car, dans les grandes agglomérations, prendre les transports en commun est déjà une épreuve quotidienne, qui est seulement encore plus épouvantable les jours de grève. Par contre, la lutte récente des gardiens de prison qui s’inscrit comme une conclusion inévitable de l’horrible loi Taubira a notre approbation car elle a, objectivement, gêné beaucoup moins de gens.

 

 

 

2.2 idées pour les luttes à venir

 

Les cadres, spécialement les familles de cadres avec enfants ont été massacrés par les hausses d’impôts intervenues entre 2012 et 2014 (hausse de 100 milliards par an des impôts sur la période). Cependant eux sont légalistes et n’ont pas de tracteurs pour bloquer les périphériques. Ils ont des voitures mais voilà, ils sont légalistes. Cela n’a toutefois pas été complètement sans effet, la CFE-CGC ayant refusé, en 2016, de signer la loi El Khomry, très largement pour dénoncer en fait ce matraquage fiscal. Mais cela n’a évidemment pas d’impact sur nos dirigeants. Comme vu ci-dessus cela ne leur fait pas assez mal.

 

Il faut donc aller vers d’autres formes de lutte, partant du principe que ceux qui se voient comme appartenant à la petite et moyenne bourgeoisie ne vont pas descendre dans la rue ni faire grève. Quels sont dès lors les moyens d’action réalistes ?

Les retraités, pour ne pas les citer, n’ont guère que leur pouvoir d’achat. Ils n’ont pour ainsi dire que cela mais c’est énorme. On propose dès lors qu’ils fassent la grève des vacances, pendant une période qui pourrait aller, par exemple du 10 juin au 5 juillet. Pas de séjours, pas d’hôtels ni restaurants, pas de péages, tout le monde reste à la maison. Dès lors, si quelques millions d’entre eux suivent la consigne, pas ou très peu d’avant saison, pas d’embauches de saisonniers en juin, et un PIB qui pique du nez à cette période de l’année. Et là, le gouvernement sera obligé de s’en rendre compte et cela fera effectivement mal.

On ne va pas (trop) se contredire en disant que ça ne gêne pas les professionnels du tourisme au sens large. Mais ce ne sont que des dépenses différées et, d’autre part, ces professionnels ont besoin aussi que les seniors ne s’appauvrissent pas. Donc tout le monde doit y trouver son compte.

 

Et pour aller au-delà ?

Pour « plomber » la conjoncture, l’autre action de grande ampleur qui peut être menée est de ne pas acheter de véhicules neufs. On pourrait, étant donné qu’on ne mobilisera forcément pas tout le monde, étaler la grève des achats sur deux mois, cette fois en novembre et décembre. Car c’est là que se joue pour une bonne part le chiffre de la croissance annuelle du PIB. Mêmes effets par rapport au secteur de l’automobile que ci-dessus.

 

On doit évoquer aussi un combat qui n’a pas réussi quant à son objet mais qui a eu tout de même un impact, on pense, majeur. Il s’agit de la stratégie de harcèlement de la Manif pour tous. Elle a consisté, en 2013, à « poursuivre » les ministres partout où ils allaient pour les interpeller. La loi n’a pas été retirée mais l’hégémonie était en train de changer de camp et la déroute des socialistes qui n’ont pas pu faire leur propagande tranquillement déjà inéluctable. Avec le résultat que l’on a vu aux élections présidentielle et législative. Cette stratégie de harcèlement des ministres devrait être continuée avec des banderoles comme « rendez-nous notre argent » ou « Stop à la pression fiscale ».

 

 

Mais, pour finir, on a évoqué l’idée d’une convergence des luttes. Sur le modèle de la manif « Jour de colère » qui a fédéré, en janvier 2014, un très grand nombre de français qui n’avaient en commun que leur rejet de François Hollande et des sociaux-libéraux. Alors disons que ce n’est pas le but recherché non plus. Notre constitution et notre loi électorale ne sont pas bonnes. Mais ce n’est pas la seule dans le monde. D’ailleurs, en 1789, il n’y a pas eu de grande manifestation nationale, mais beaucoup de combats au niveau local.

 

Donc on ne croit pas forcément au Grand soir. Mais cela n’empêche pas d’imaginer des luttes de plus en plus fréquentes et de plus en plus efficaces, avec une coordination « lâche » aujourd’hui rendue possible par les réseaux sociaux. Cette coordination de fait devrait/pourrait permettre une prise de conscience, y compris chez le personnel politique, que la démocratie véritable reste à créer. Pourrait alors émerger le candidat à la présidence de la république qui s’engagerait à mettre en place très vite la constitution de la VIème république et qui, dès lors, donnerait un sens à ce vote.

 

 

 

 

@ Serge Darré                                  mars 2018

 

 Mots clés : lutte, démocratie, élection, con, démocratie, mépris, taxes, augmentation, agriculteurs, écologie, médias, convergence, référendum, blocage, sécurité

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30 janvier 2018 2 30 /01 /janvier /2018 11:44

Que faut-il penser de la revendication d’égalité salariale entre joueurs et joueuses de tennis ?

 

 

(On en restera au sport, on ne pose pas la question pour ce qui est de la vie professionnelle, revendication tout à fait légitime dans ce cas, sauf que les femmes sont plus souvent absentes, notamment pour s’occuper des enfants, mais on n’ira pas plus loin car on ne dit pas non plus que l’on veut pénaliser celles qui ont fait des enfants etc. …)

En sport, on bénéficie de critères beaucoup plus objectifs.

Pourquoi commence-t-on par le tennis ? Car on a récemment pu voir sur les écrans de cinéma un film basé sur la rivalité entre la championne de l’époque : Billie-Jean Moffit-King et l’ancien champion Bobby Riggs. Rappelant que la première l’avait emporté dans un match exhibition mais le second avait 55 ans à l’époque. Mais ce qui importe c’est le pourquoi de ce défi. Bobby Riggs contestait en effet ce que les femmes venaient d’obtenir récemment : l’égalité des « prize money », gains, entre femmes et hommes dans les 4 tournois du grand chelem (Melbourne, Paris, Londres, New-York).

Sa contestation venait tout d’abord du fait que les femmes disputent 3 sets alors que les hommes jouent en 5 sets. D’autre part, d’un point de vue tennis, il y a un écart de niveau très conséquent. C’est-à-dire que la plus forte des femmes, Serena Williams, n’aurait aucune chance contre l’un des 250 premiers mondiaux et probablement pas non plus contre le 300ème. Et d’autres joueuses moins puissantes n’auraient pas leur chance contre un joueur autour de la place 350.

Et qui paierait ce que coûte une place sur le central de Wimbledon pour voir un match entre les numéros 240 et 276 ? Rappelant que le niveau du tennis féminin est extrêmement inégal pour cette question de puissance et parce que les joueuses ont un jeu plus monocorde et donc plus fragile. La sœur de Serena, Venus, par exemple est encore 6ème mondiale à 36 ans en s’entrainant de manière irrégulière. Rappelant aussi que Kim Clijsters a abandonné sa carrière de joueuse en 2007, fait un enfant, avant de revenir sur le circuit en juillet 2009 pour gagner l’US Open début septembre ! Hormis Serena, d’autre part, les meilleures ont un gros souci de régularité : ainsi Ana Ivanovic va rester 12 semaines No 1 en 2008, suit Jelena Jankovic 18 semaines, puis Dinara Safina 26 semaines, Caroline Wozniaki 67 semaines, Victoria Azarenka 51 semaines, Angelique Kerber 34 semaines … toutes ne sont pas connues car elles ont parfois connu des chutes rapides au classement.

On arrive alors au fait que les femmes ont d’autres argument à faire valoir : dans le désordre : elles jouent avec des petites jupettes et surprennent par leurs cris, elles sont souvent plus combatives et, ayant moins de puissance, on plus de temps pour voir le jeu. D’autre part, au cours de ces 20 dernières années, les meilleures ont beaucoup progressé physiquement ce qui rend leurs matchs, en général, plus spectaculaires.

Du reste, le tennis féminin a gagné l’égalité des primes dans d’autres tournois : les Master 1000 en effet, ont dû accepter la règle des grands chelems. Madrid ou Pékin, par exemple, pour avoir à la fois les hommes et les femmes, ont dû s’aligner. Oui, mais ce sont pour les mêmes raisons politiques et parce qu’on estime que les riches peuvent se l’offrir. Le restant de l’année, en effet, les tournois sont distincts, les femmes jouent par exemple à Linz pendant que les hommes sont au Portugal. Et là c’est une toute autre histoire : les courts ne font pas du tout le plein sur le circuit féminin et les gains en tournoi sont très inférieurs. On prend un cas concret : du 23 au 29 avril 2018 se tiendra un ATP 500 à Barcelone pour un total de gains de 2,8 millions dollars. La même semaine les femmes joueront à Stuttgart pour 700 mille dollars. Il est d’ailleurs si difficile et, pour tout dire risqué d’organiser des tournois féminins que la saison s’arrête un mois avant : le Masters a lieu en octobre alors que pour les hommes c’est en novembre.

Les spectateurs, quel que soit leur sexe, préfèrent ce qu’il y a de mieux. Surtout si, outre le billet il a fallu payer du train et/ou un hôtel.

Pour autant, on avoue que l’on préférera un match féminin entre deux joueuses de niveau proche que d’assister à un match d’Ivo Karlovitch, dont tout le tennis est basé sur le service, ou de Rafael Nadal dont on sait qu’il va gagner 6/1, 6/3, 6/2 contre n’importe quel adversaire. Ce n’est pas le cas de la majorité des spectateurs, car il y a le phénomène « j’y étais ». On sera fier de dire aux collègues de bureau « j’ai vu Nadal » et non pas « j’ai vu Wozniacki ». La valeur d’un tournoi pour les spectateurs, les sponsors et les télévisions c’est donc le nom de ces très grands joueurs.

Pour aller plus loin, qu’est ce qui fait, d’autre part, la valeur d’un joueur ? Il y a la technique, le physique et le mental dans lequel on inclue la tactique. Or, sur le plan physique, au risque de ne pas être dans la bien pensance, il faut dire les choses comme elles sont : hommes et femmes produisent les mêmes hormones mais en quantités très différentes, spécialement pour celles liées à leur sexe. Les hommes produisent en particulier la testostérone qui est favorable au développement des muscles. Leur masse musculaire représente en conséquence en moyenne 35% de leur masse totale contre 28% pour les femmes. Inversement, parce que, dans la nature, les femmes sont normalement appelées à enfanter, elles ont des réserves de graisse plus importantes : 20 à 25% de tissus adipeux contre 15 à 20% chez l’homme. Enfin, toujours pour des causes génétiques, le muscle cardiaque est un peu plus petit chez la femme que chez l’homme.

Donc l‘homme a naturellement, merci, des capacités supérieures d’un point de vue sportif. Ce qui ne veut pas dire que tout est figé évidemment, une femme qui s’entraine régulièrement fera mieux que la majorité des hommes, d’où la victoire de B.J. King. Mais dans ce document on ne parle pas de Mr et Mme Tout le monde mais de champions.

En athlétisme, hors dopages, par exemple, les meilleurs courent le 100 mètres (on simplifie) en 10 secondes, les féminines en 11. On va dire que ce n’est pas un écart phénoménal ? Si, en impression visuelle, s’ils couraient ensemble on aurait l’impression que l’un va très vite alors que la seconde n’avance pas. Cela sera encore plus évident sur 400 mètres, 44 sec vs 49, l’homme arriverait pendant que la femme serait à peu près à la moitié de la dernière ligne droite.

En natation, les écarts sont aussi de l’ordre de 10% au moins mais, la force ayant un peu moins d’importance, on a constaté que les nageuses d’aujourd’hui sont au niveau des records masculins d’il y a 45 ans ou un peu plus. Ainsi le record du monde sur 200 mètres de Federica Pellegrini est de 1 mn 52 sec 85 (en 2009), ce qui lui aurait donné la médaille d’argent derrière Marc Spitz aux J.O. de Munich en 1972.

En équitation, on marque une pause, c’est le seul sport où femmes et hommes concourent ensemble au plus haut niveau ; pas de différences observables entre les performances des deux sexes même si les hommes remportent plus souvent les médailles en sauts d’obstacles et les femmes en dressage.

En foot, par contre, on retrouve des écarts très importants, du fait entre autres de la force nécessaire qu’il faut au niveau des cuisses. Ainsi, en match de préparation, l’équipe de France féminine a perdu sur un score très large contre les 15/16 ans. En outre, pour une question de détente, les gardiennes prennent des buts qui seraient simplement ridicules en foot masculin.

En basket, outre un déficit de taille, on retrouve ce manque de détente verticale. En effet, sauf très rares exceptions, dans des matchs féminins on n’aura pas de dunks ni allee-oop, qui sont une part importante du spectacle chez les masculins. Cela n’empêche pas d’avoir des matchs plaisants à regarder mais plus posés et moins explosifs forcément.

En patinage artistique, enfin, c’est de l’artistique, donc les femmes devraient offrir un spectacle un peu plus intéressant avec leur tenues et leurs muscles ronds. Oui, mais d’un point de vue patinage, les prestations des hommes sont … supérieures en raison des sauts qu’ils sont capables de réussir, au contraire de leurs consœurs. On retrouve la même chose qu’à l’opéra, le danseur étoile s’élève plus haut et plus longtemps. Pour autant, la grâce est un peu plus répandue chez les femmes (il y a des patineurs qui en ont beaucoup aussi) et, dans l’épreuve de danse sur glace, c’est elle que les spectateurs regardent surtout, lui étant là surtout pour la mettre en valeur.

 

 

 

 

@ Serge Darré                                                                                                 janvier 2018

 

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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 11:51

Pourquoi les chrétiens sont-ils obligés de se référer à l’ancien testament ?

 

 

Récemment le président Trump a déclaré Jérusalem capitale d’Israël. Il n’a fait en cela que décréter une loi votée par le Congrès des Etats-Unis à la quasi-unanimité en 1995. Et d’ailleurs ce décret est-il si important ? Non le plus important c’est qu’au moment où la Chine est en train de devenir la première puissance économique mondiale, ce pays reste de loin la première puissance militaire et pour encore longtemps.

Et le nœud du problème est que les Etats-Unis soutiennent aveuglément Israël, le dernier pays ouvertement raciste et colonialiste sur cette planète. Et pourquoi le soutiennent-ils ? Pour faire plaisir à la droite religieuse, ou conservatrice, ce qui est la même chose.

Or les Etats-Unis sont très majoritairement chrétiens, c’est-à-dire pas seulement catholiques, baptistes, méthodistes, mormons … mais chrétiens, ils célèbrent avant tout les « réalisations » de Jésus, comme dans les chansons Gospel et répètent à l’envie que Jésus « nous sauvera » (c’est-à-dire si on y croit). Alors qu’ont-ils à faire avec ceux qui ne l’ont pas reconnu comme le messie ? On rappelle d’ailleurs qu’ils ont mis longtemps avant de reconnaitre l’Etat d’Israël. Ils ont aussi été des adversaires résolus du colonialisme, tordant le bras aux britanniques pour lâcher l’Inde et aux français pour l’Algérie. Ils se sont aussi opposés au régime d’apartheid en Afrique du Sud, contribuant à sa fin. Mouvement qui a soudain buté sur le dernier pays pratiquant, justement, cet apartheid.

Or, dans un pays où presque tout le monde est croyant et très majoritairement chrétien, on sait, mieux qu’en Europe en tout cas, ce qu’ont apporté Jésus et Paul : exemples :

  • La circoncision, ce qui compte ce n’est pas de respecter les lois mais la façon dont nous réglons notre vie,
  • Pas d’interdits alimentaires comme pour l’interdiction de manger du porc car il n’y a pas d’animaux impurs
  • Le mariage : pas de répudiation
  • Le peuple élu : il n’y a pas de « peuple élu » puisqu’est en train de se créer une religion universelle, donc pas seulement pour les juifs
  • Le pardon : qui sommes-nous pour juger notre prochain ?

 

A côté de cela, pour ceux qui gardent des souvenirs de leur catéchisme, que pèsent les histoires de fratricides, incestes, trahisons, ruses de l’Ancien Testament ? Cet ensemble de livres contient le pire et le meilleur et il aurait dû, en bonne logique être « dépassé » par le Nouveau Testament.

 

On donne l’explication de fond ci-dessous :

 

« Dr » John Oswalt (Seven minutes seminary) : la question a été posée au commencement de l’église, en 180 après. Il fut décidé que l’on ne pouvait pas faire l’économie de l’étude des textes « juifs » constitutifs de l’Ancien Testament.

  1. Car Jésus (discours aux pharisiens) est réputé avoir dit que l’on ne pouvait pas ignorer le contenu de la bible. Ce qui est confirmé par celui que je considère comme le premier chrétien, pour avoir vu la nécessité de prêcher au-delà de la communauté israélite, Saint Paul qui ordonne aussi aux disciples de lire la Bible.
  2. L’Ancien Testament serait en fait un corpus contenant l’ensemble des connaissances nécessaires pour pratiquer sa foi. Et Jésus n’aurait en quelque sorte été là que pour les préciser et souligner les plus importantes.
  3. L’Ancien Testament contient aussi des concepts que Jésus n’avait pas besoin de rappeler, comme le Dieu unique et le Jugement Dernier, qui n’avaient alors pas de précédent. Il complète en ce sens ce qui n’est pas dit dans le Nouveau.

 

La Bible serait alors comme un substrat, on ne pourrait comprendre les déclarations attribuées à Jésus si on ne sait pas qu’il s’y réfère constamment.

Ajouter à cela le fait qu’il n’existe pas d’écrit du vivant de Jésus (la même chose pour Mahomet d’ailleurs). Alors que la Bible (on entend par là l’Ancien Testament) est écrite même si, faut-il le préciser ? Elle décrit aussi des faits a posteriori. Mais, du coup, elle bénéficie d’un a priori d’antériorité.

C’est ainsi que, dans l’esprit des chrétiens évangélistes des Etats-Unis, le Nouveau Testament est comme incomplet et la vérité de la religion se situe plutôt dans l’ancien. On comprend alors pourquoi le monde est supposé, pour beaucoup là-bas, avoir été créé par dieu il y a exactement 6 000 ans. Sachant que de nombreux évangélistes font une lecture littérale de la Bible – premier degré.  Et Israël devient inattaquable. Pourquoi ? Parce qu’il est écrit « qu’au jour du Jugement dernier, tous les juifs se retrouveront à Jérusalem ». Donc, pour permettre, voire hâter cela, commençons par en laisser le plus possible rejoindre cet Etat dès maintenant. Pour les autorités et les lobbys, le fait que de nombreux palestiniens soient chrétiens comme eux n’entre pas non plus en ligne de compte. Car, littéralement, les choses devraient se passer ainsi : 1. Les juifs reviennent tous à Jérusalem, 2. Ils se convertissent au christianisme, 3. Le Jugement dernier est ainsi rendu possible. Peu importe aussi qu’au jour du Jugement dernier les morts seront là aussi et qu’il serait pour le moins difficile de les faire revenir en terre sainte.

 

Cette admission de facto d’une supériorité du « peuple du livre » n’a pas toujours été dominante comme on l’a vu plus haut. En revanche, elle se renforce avec le temps au point qu’aucune critique de ce pays n’est possible alors même que celui est maintenant gouverné par des fascistes très loin de l’idéologie des premiers colons, qui était socialisante. Dans aucun autre pays du monde le gouvernement des Etats-Unis n’accepterait de se soumettre à de tels voyous. Et quand on dit se soumettre ne va-t-on pas un peu trop loin ? Non, car Israël obtient toujours de fait tout ce qu’il demande, au moins sur le plan militaire. En ce sens le président ni le congrès n’ont pas d’autonomie.

 

Mais c’est ainsi et on pense avoir expliqué aussi le pourquoi du comment.

Mais, pour être plus complet sur la question, il faut préciser que ces aspects millénaristes, s’ils sont la principale explication de la défiance du peuple américain par rapport au monde musulman, ne sont pas la seule. Il faut en effet rappeler que les Etats-Unis, depuis les années cinquante, se sont sentis obligés d’assurer l’approvisionnement en pétrole du monde « libre ». A cet effet ils sont entrés dans des jeux d’alliances avec les monarchies du golfe. Ce qui devait leur valoir, notamment, d’envahir l’Iraq en 1991 pour aider le Koweït. Cette première attaque contre l’Iraq, a suscité l’ire des milieux religieux saoudiens pour qui des infidèles foulaient le territoire sacré. D’où la naissance d’Al Qaïda, puis les tours jumelles, puis l’envahissement de l’Afghanistan en 2001. Par ailleurs les routes du pétrole étant vues au sens large, les Etats-Unis sont aussi intervenus dans des pays voisins comme le Liban, le Yémen et la Somalie où ils ont aussi subi de lourdes pertes suite notamment à des attentats kamikazes. Bref, leur armée a surtout et presque exclusivement eu à affronter des musulmans au cours des dernières décennies.

Comme dans le même temps, le lobby juif insiste chaque fois que cela est possible pour remémorer l’holocauste, est fortement implantée dans la tête des citoyens de ce pays l’idée que, si la Palestine devenait indépendante, ils feraient la même chose, c’est-à-dire la destruction d’Israël. Peu importe, là aussi, que Yasser Arafat, à la suite des accords d’Oslo, ait renoncé à cette partie de la Charte de l’OLP en reconnaissant très officiellement le droit à l’existence d’Israël. Et peu importe aussi que la petite Cisjordanie serait de très peu de poids face à son voisin en cas de paix. Ces messages-là restent inaudibles pour « l’américain moyen ».

 

 

La question que l’on veut maintenant poser en conclusion est : cela va-t-il durer éternellement ? On tente d’y répondre en quelques mots.

Il faut d’abord se rendre compte que, dans le pays ayant les meilleures universités au monde, tout le monde n’est pas idiot. Ainsi, quand on parle de Jugement dernier se déroulant à Jérusalem, les textes sont clairs aussi, il ne s’agit pas de la Jérusalem physique mais spirituelle et, d’autre part, vouloir accélérer en quelque sorte ce jour c’est faire injure à dieu qui est le seul à savoir quand et pourquoi l’événement aura lieu. Cela semble pourtant peser très peu face à la lecture littérale évoquée plus haut.

Pourtant, la situation évolue. Barack Obama a ainsi fait voter par son représentant à l’ONU la condamnation de la poursuite des implantations israéliennes en Cisjordanie occupée ce qui engage, malgré tout, les Etats-Unis et est très ennuyeux pour son allié. Geste d’une audace folle compte tenu du contexte global que l’on a décrit ci-dessus. Et, en même temps, cela a été fait à la fin de son second mandat, c’est-à-dire alors qu’il savait qu’il ne pouvait plus se présenter.

Est-ce, malgré cette réserve, le prémisse d’un début de prise de conscience ? Ce n’est pas impossible. Nous voyons trois raisons de penser que les choses pourraient évoluer dans un avenir pas forcément lointain :

  1. Du côté des universités tout d’abord. On n’a pas idée en France à quel point les choses sont avancées, et le boycott académique est une réalité dans nombre d’entre elles, à partir d’une réalité aussi simple que celle des croyants de la « Bible belt » : on ne peut pas dénoncer l’apartheid d’un côté et travailler avec ceux qui le pratiquent d’un autre
  2. D’autre part la démographie de ce pays est en train de changer et l’église catholique (qui n’est absolument pas homogène sur cette question toutefois) déjà première en nombre de pratiquants, pourrait regrouper plus de la moitié des croyant dans les décennies à venir. Là aussi, on ne voit pas encore les politiciens agir différemment dans les Etats où c’est déjà le cas comme le Texas ou la Floride. En même temps, la hiérarchie catholique ne pourra pas rester éternellement sur la défensive non plus. Viendra forcément le jour où elle dénoncera officiellement l’injustice que représente l’occupation : « “Dans les deux sociétés, Israélienne et Palestinienne, la vie des Palestiniens est loin d’être normale et agir comme si les choses étaient normales ignore la violation des droits humains fondamentaux. » (Catholic Register)
  3. Parmi les églises évangélistes enfin, il y en a une qui ne peut se laver les mains du racisme : il s’agit des pentecôtistes, majoritairement noirs. Eux aussi vont devoir se prononcer officiellement un jour

Il y a donc tout à attendre d’une alliance entre le milieu académique, l’église catholique et les pentecôtistes sans que l’on sache non plus quand ni quelle forme elle prendra. Obama a en tout état de cause montré la voie. Car observons que les américains ne sont pas idiots (déjà dit), ils savent donc qu’il a enfreint les règles sur ce point et il n’en reste pas moins la personnalité la plus populaire dans le pays.

Donc on aimerait bien mettre une date, par exemple celle où un démocrate ou républicain sera élu dans une élection serrée tout en étant connu comme critique vis-à-vis d’Israël. Mais cela on n’est malheureusement pas capable de le faire.

 

 

 

@ Serge Darré – janvier 2018

 

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24 novembre 2017 5 24 /11 /novembre /2017 12:01

LA LEGENDE DU CRIME CONTRE L’HUMANITE ET CELLE DE L’ESCLAVAGE

 

Un crétin qui est cependant devenu président de la république depuis n’a pas hésité à affirmer que la colonisation avait été un « crime contre l’humanité ». Pourquoi cette affirmation est-elle erronée ? Car, dans l’esprit de ceux qui ont défini cette expression, il s’agit de caractériser, notamment, les actes, en temps de guerre, commis sans nécessité sur le terrain, étant entendu que la guerre c’est sale, cela on le savait déjà. On veut citer ici notamment les massacres de civils et de prisonniers ou destructions de biens qui n’ont pas de visée militaire, quel qu’en soit la raison. Le problème ici, c’est qu’en désignant des actions militaires, spécifiquement contre le FLN, comme crime contre l’humanité, tout devient crime contre l’humanité et plus rien ne l’est. Les mots perdent alors leur sens.

Est-ce à dire que les colons français n’ont jamais commis ce genre d’actes ? Non, il y en a eu, très peu, mais on peut citer en effet quelques exemples comme les massacres de Sétif ainsi que des exécutions « gratuites » en Afrique équatoriale française. Mais ces tueries étaient en quelque sorte sporadiques, justifiées, même si on dirait de nos jours que c’est injustifiable, par des considérations stratégiques : les européens étant très minoritaires devaient frapper très fort pour ne pas être complètement débordés, rappelant, par exemple, que les incidents de Sétif ont démarré par la mort d’une centaine d’européens.

Il reste, si on est sérieux, que ce n’était pas une pratique courante. A l’exception de l’Algérie, où résidaient circa un million d’européens au moment de l’indépendance, les français au sens large (nombreux italiens et espagnols) étaient trop minoritaires pour soutenir des combats dans la durée. La colonisation a donc consisté, en règle générale, à se faire accepter par les populations, éventuellement mais c’est de bonne guerre, en jouant les ethnies les unes contre les autres.

Exemple : au Maroc, les populations musulmane, israélite (donc de souche), et européenne étaient respectivement de 7 442 000, 199 000 et 357 000 en 1951. A un contre vingt, les francaouis n’auraient pas pu tenir s’ils n’avaient pas eu d’alliés au sein de la population marocaine. Et d’ailleurs ils n’ont pas tenu quand la volonté d’indépendance des musulmans a été manifeste, notamment à la suite des manifestations (circa 1953) consécutives à l’assignation à résidence du sultan à Madagascar (on fait court). Le principe de l’indépendance fut dès lors acquis dès 1955.

 

Le problème est dès lors que l’on n’étudie plus l’histoire, spécialement au lycée et que l’on veut résumer des processus qui eurent leur logique propre en une phrase choc, comme celle cité ci-dessus. On montre par-là surtout que l’on est ignare.

Le dessein fondamental de la colonisation, dans sa globalité, Algérie mise à part encore (et Inde pour les britanniques) ne fut en réalité jamais vraiment connu par les acteurs. On en avait attendu des gains pour la métropole sous forme de matières premières à bon marché et de marchés captifs pour les produits manufacturés. Mais comme il fallait aussi investir dans les infrastructures et entretenir des troupes il s’avéra assez tôt que cela n’était pas rentable, ce qu’ont confirmé des études économiques ex post. Donc la raison de notre présence là-bas devenait de moins en moins claire quand il fut décidé de donner l’indépendance à la majorité des colonies, vers 1960.

Personne parmi les simplificateurs, pour qui les colonies ne visaient qu’à exploiter ces peuples, ne se pose d’ailleurs la question : qu’auraient décidé les peuples, d’Afrique noire notamment, si on leur avait donné le choix lors d’un référendum ? On ne dit pas recueillir l’avis des quelques dirigeants ayant appris le marxisme lors de leurs études à Paris, on dit interroger tout le monde, y compris les paysans illettrés. On ne dispose, on peut le déplorer, que d’un exemple : en 1974 la France a donné le choix aux comoriens ce qui a donné globalement le résultat escompté mais la métropole s’est quand même retrouvé aussi avec un … département de plus, le 101ième, qui est Mayotte.

On peut observer, d’autre part que, si on situe le commencement de la colonisation dans les toutes dernières années du XIXème siècle, avec une fin en 1960, elle n’a duré, généralement, qu’une soixantaine d’années, ce qui n’est rien à l’échelle de l’histoire humaine. Ceux qui restent convaincus de ses méfaits diront que cela a bouleversé les sociétés concernées. Si alphabétiser est bouleverser alors oui. Mais, d’autre part, elles seraient bien entré dans une forme de modernité un jour ou l’autre et, si on prend par exemple les cas du Gabon et du Congo Brazza, la découverte du pétrole a eu des effets bien plus déstabilisateurs que la présence française qui n’avait concerné, pour l’essentiel, que les villes du littoral (vs les forêts de l’intérieur).

 

 

ON PASSE MAINTENANT A UN JUGEMENT SUR L’ESCLAVAGE

Cette question est insidieuse. Quand on dit que l’Europe (au sens large, compris US et Brésil) devrait s’excuser pour l’esclavage on ne dit pas que nous avons créé l’esclavage mais c’est comme sous-entendu et pour des sujets méconnaissant l’histoire mondiale, comme nos jeunes têtes encore, cela devient presque une évidence. Et, après tout, le gouvernement nigérian s’excuse-t-il pour l’esclavage ? Non. Alors peut-être est-ce réellement une spécialité des blancs ?

Pour expliquer le rôle qu’ont effectivement joué les européens dans l’augmentation de l’esclavage il faut remonter au XVe siècle. L’esclavage avait alors quasiment disparu en Europe. Mais il était très répandu en Afrique et Asie, mais on passe sur l’Asie. Quant à l’Amérique elle n’est pas encore dans le paysage.

Ce phénomène, pour ce qui nous concerne, est donc essentiellement africain. Il est endémique essentiellement pour 3 raisons :

  • On capture ses ennemis au combat
  • Et aussi les voyageurs qui appartiennent à une autre ethnie et qui ont eu le malheur de passer par là
  •  Enfin pour alimenter une filière vers le nord : le palais-ville de Meknès, on y reviendra, a été largement construit par des esclaves chrétiens et africains
    L’islam a d’ailleurs un rôle ambivalent : d’un côté il permet le commerce car on accueille les voyageurs et, évidemment, pas question de les réduire en esclavage. Et d’autre part, on va chercher pour les sultans du Maghreb et d’Arabie, une main d’œuvre réputée impie et qui peut donc mourir à la tâche.
    On passe sur les sacrifices humains, sous la bénédiction ou non des sorciers, qui pouvaient aussi bien s’appliquer à un étranger qu’à un proche.
    La situation va changer au XVIe siècle et pas seulement à cause de la découverte de l’Amérique qui ne sera qu’un accélérateur. Le fait très important est que l’Europe prend goût au sucre que l’on a appris à cultiver à grande échelle. Le sucre devient l’or blanc de l’époque, le pétrole d’aujourd’hui. Et pour alimenter un marché insatiable il faut pouvoir produire toujours plus. Or les blancs employés dans les champs de canne à sucre ont un taux de mortalité effrayant. Il faut donc trouver une autre solution.
    C’est alors que l’on s’avise que la main d’œuvre africaine résiste beaucoup plus longtemps. Des bateaux vont alors s’approcher des côtes africaines et commencer leurs premières acquisitions. Mais il faut bien situer le contexte : les européens ne mènent pas des expéditions dans l’intérieur des terres pour récupérer la « marchandise ». Ils attendent qu’on leur apporte. (Cf. Théodore Canot – Confessions d’un négrier – Payot Voyageurs). Ils se sont donc greffés sur un commerce déjà existant mais, évidemment, des « businessmen avisés » ont commencé à se spécialiser dans la fourniture aux navires et le nombre d’esclaves, pris globalement à l’échelle du continent, a dû fortement augmenter.
    Une littérature s’en est suivie, vraie mais incomplète, qui dit que les africains étaient dès lors déracinés : on ne leur permettait plus de parler leur langue et d’invoquer leurs dieux. Sans doute parce qu’on a pensé dès le début à emmener des femmes et que l’on prévoyait qu’ils auraient une descendance qui ne devait dès lors rien connaître de ses origines.  Exact mais quel était l’avenir d’un africain fait prisonnier par des africains ? A peu près le même.
    Signalons aussi, avant d’aller plus loin, que l’esclavage fut interdit par la Grande-Bretagne et la France dès le début du XIXème, circa 1820. Il n’exista alors que sous forme de contrebande et pour le Brésil qui continua encore un certain temps.
    Petite digression ici pour expliquer pourquoi l’esclavage est resté légal dans le sud des EUA jusqu’à la guerre de Sécession. C’est qu’un autre « or blanc » avait vu le jour : le coton. Seuls les noirs, encore une fois, étaient assez résistants pour survivre à la cueillette du coton (Cf. 12 Years a slave – Solomon Northup – Michel Lafon).
    On a dit ci-dessus que la cause essentielle de l’esclavage avait été la « contrainte économique » de la production sucrière. Mais, en outre, les colonies, au fur et à mesure qu’elles prospéraient, ont eu une autre contrainte : celle d’augmenter le peuplement. Dans cette optique on eut recours aussi à des formes de soumission, que l’on appellera esclavage ou pas, de blancs. Ce sont essentiellement :
  • A. le système des « indentured servants » par lequel l’aspirant émigrant se faisait payer son voyage en échange d’une soumission totale sans salaire à son créancier/propriétaire pendant 2, 4 et jusqu’à huit ans. A la différence de l’esclave noir le servant gagnait toutefois sa liberté à l’issue du contrat. Le fonctionnement est expliqué entre autres dans l’ouvrage « Trade in strangers – Marianne S. Wokek – The Pensylvania State University Press ». Cela a concerné pratiquement la moitié des immigrants des futurs USA aux XVII è et XVIII è siècles
  • B. la déportation des femmes aux colonies ; il s’agissait souvent (toujours ?) de prostituées dans le but explicite de peupler les colonies et avec, évidemment, aucun droit de retour
  • C. le bagne, là encore pour des condamnations y compris mineures (moins de 10 ans par ex. pour les bagnes de Guyane) on pouvait être envoyé au bagne outre-mer avec l’espoir que, une fois libéré, le condamné ne chercherait pas à revenir en métropole. Chacun sait que cette méthode est à l’origine de la plus grande partie du peuplement initial de l’Australie
  • D. Et puisqu’on parle de l’Australie, alors sous domination britannique, il faut citer, à l’instar des « femmes de mauvaise vie », les déportations d’enfants dont le tort unique était d’être à ce moment-là dans un orphelinat.
    Les temps étaient beaucoup plus difficiles qu’aujourd’hui. On n’avait pas besoin de seulement quelques centaines d’euros pour traverser l’Atlantique et toutes ces techniques, même après l’abolition de l’esclavage, paraissaient à l’époque moralement correctes.
    Que peut-on dire d’autre au demeurant ? On peut dire que les européens ont été quasi tout autant victimes de l’esclavage, en nombre. En effet, les pirates musulmans écumaient les côtes, non seulement de la Méditerranée dans son ensemble, mais aussi de l’Atlantique et de la mer d’Irlande. Ils ramenaient de ces expéditions des esclaves vendus le plus souvent à Rabat, Alger et Tunis. Certains ont pu être rachetés par des fondations religieuses ou parvenaient parfois à voler un bateau et s’évader, mais 99% sont juste morts à la tâche. On a dit en préambule que le palais-ville de Meknès a été construit essentiellement par des européens et africains. Cf. Giles Milton – Captifs en Barbarie – Petite bibliothèque Payot. On estime qu’au moins un million d’européens ont ainsi été capturés aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. C’est même l’un des causes, non la seule, de la colonisation de l’Algérie en 1830.
    Par une inversion des termes et le fait que l’on enseigne pas du tout l’histoire comme une matière scientifique où les élèves exerceraient leur esprit critique, mais comme un bréviaire réduit à sa plus simple expression, on fait rentrer dans les têtes que nous serions à l’origine de l’esclavage. Alors qu’en fait, c’est exactement le contraire : nous avons utilisé l’esclavage, multiforme comme vu ci-dessus, mais non sommes aussi, en réalité, ceux qui ont mis fin à cette pratique évidemment horrible. En fait, dans les pays colonisés, l’esclavage existait avant mais il avait, pour l’essentiel, disparu à la suite de la colonisation. Nous sommes donc ceux qui y ont mis fin.
     
     
     
    @ Serge Darré                                                                 Novembre 2017
     
     
     
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14 janvier 2017 6 14 /01 /janvier /2017 20:23

UN AN APRES

Un an après et même quelques semaines de plus on va pouvoir dire que les attentats terroristes de novembre 2015 auraient pu/dû faire beaucoup moins de morts sans des failles dramatiques des dispositifs de protection de la population.

Petit rappel des faits

La France était très directement visée en raison, notamment des frappes de notre aviation dans la région de Raqqa en Syrie qui « font mal » à DAECH. D’autre part l’organisation a à sa disposition des belges, français, belgo-marocains ayant la haine de la société dans laquelle ils vivent et connaissant le terrain.

Dans la soirée du 13 novembre 2015, il fait particulièrement doux sur Paris et beaucoup profitent d’une soirée quasi printanière au cœur de l’automne. Trois attaques quasi simultanées vont être menées avec des succès divers comme on va la voir :

  • au Stade de France (Saint Denis) il s’agit de faire un maximum de morts avec la plus grande exposition médiatique puisque le stade est plein pour un match France – Allemagne

  • les attaques des « Terrasses » visent à s’attaquer à la jeunesse qui sort le soir et profite de la vie ; elles ont lieu dans le XIème arrondissement de Paris

  • dans la salle de concert du Bataclan est visée, outre la même population, un lieu connu pour avoir hébergé plusieurs manifestations sionistes

     

    Ce qui, a contrario, a fonctionné

    Le Stade de France aurait pu faire beaucoup plus de morts si l’un ou plusieurs des terroristes avait pu entrer et déclencher sa bombe. Mais les procédures ont bien fonctionné – qui disent notamment que l’on ne peut entrer sans montrer le contenu de son sac et les agents de sécurité étaient formés et courageux. Peut-être ont-ils eu aussi affaire à des « bourricots » pas préparés à ce que les choses ne se passent pas comme prévu, la plupart des assaillants de Stade de France étant syriens et donc pas spécialement en terrain connu. Résultat : un seul mort.

    Pour rappel : les attaques des « Terrasses »

    Pratiquement imparables ; les assaillants se déplacent et font feu sur un maximum de gens. Il y a 39 morts et 32 blessés.

    Le pire : le Bataclan

    C’est là qu’il y eut le plus de morts et de blessés, beaucoup très graves car par armes de guerre. Le nombre de morts serait d’après notre décompte de 89 pour 400 blessés. Et c’est là que réside l’un des scandales majeurs : en effet, entre le début de l’attaque (21H40) et l’assaut final du RAID à 0H15 il s’est écoulé plus de deux heures et demie. C’est que l’on n’avait pas les armes de guerre et les soldats pour riposter ? Mais non, on les avait, à quelques dizaines de mètres : des parachutistes gardent en effet les synagogues. On a voulu, depuis les attentats de janvier 2015, montrer que l’on n’attaque pas ces lieux, mais pour les 65 millions d’autres français c’est Ok. Alors les terroristes ont compris le message. C’est ainsi que des moyens « conventionnels « vont être mis en place avec discussion avec les ravisseurs, comme si on était dans une prise d’otages.

    On dira aussi que pendant tout ce temps les terroristes ne tiraient pas non plus. Oui, mais cela fait froid dans le dos de l’écrire : parce qu’ils n’avaient presque plus de munitions ; ils avaient épuisé les leurs en tirant sur les vivants, les blessés et les morts. Surtout, des commissions d’enquête l’ont montré, en ces matières il faut aller très vite pour soigner les blessés. On ne l’a pas fait.

    A contrario, trois parachutistes motivés armés de leurs fusils Famas auraient fait ce qu’a réussi un officier de la BAC de Créteil qui a abattu l’un des trois terroristes avec son pistolet. On peut dire aussi que ceux-ci avaient des ceintures d’explosifs. D’accord, il y aurait eu quelques morts supplémentaires à proximité immédiate mais beaucoup plus de vies sauvées et, on le redit, c’est aussi affaire de rapidité et de prise de risque.

    On peut rappeler également que les Etats-Unis n’ont pas fait mieux dans l’attaque de la discothèque d’Orlando le 12 juin 2016. Mais cela ne suffit pas à nous consoler.

     

    Deuxième scandale : l’exécution d’ Hasna Aït Boulahcen

    On reprend les termes de l’article Wikipédia n’ayant rien à ajouter sur l’exposé des faits :

    « Le 16 novembre, un témoignage fait état de la présence de Abdelhamid Abaaoud sur le territoire français. Les enquêteurs repèrent un talus recouvert de buissons où il s'est caché quelques heures après les attaques, en contrebas de l'A86 dans une zone d'entrepôts d'Aubervilliers. Une caméra posée par les policiers à proximité permet de détecter Hasna Aït Boulahcen s'approchant des fourrés le 17 novembre à 20 h 10. Deux hommes émergent alors du talus, il s'agit d'Abaaoud et d'un homme qui sera ultérieurement identifié comme Chakib Akrouh. Ce sont les deux survivants du commando des terrasses. Le trio est filé jusqu'à la rue du Corbillon dans le centre de Saint-Denis.

    Le 18 novembre, les forces de l'ordre, Raid, BRI, police, secours, prennent place dans le centre-ville. À 4 h 16 l'assaut est donné sur un appartement, présenté par certains médias comme un squat, situé rue du Corbillon. … L'attaque dure plusieurs heures face aux terroristes retranchés à l'intérieur. 1576 cartouches sont tirées lors de l'opération, dont 11 par les terroristes. L'intervention se termine vers 11 h 30. Fin décembre 2015, le déroulement exact de cet assaut reste inconnu de la presse. »

    On reprend : 11 balles tirées par les terroristes, et 1 565 par les différences forces de l’ordre qui essuient nous dit-on un « feu nourri ». En fait, de part et d’autre du squat, ils sont en train de se tirer dessus mutuellement. En même temps la femme n’a voulu qu’aider son cousin, elle partage ses convictions mais n’a fait aucune victime. Elle aurait pu faire deux ans de prison et être libérée. Elle suppliera aussi deux fois « laissez-moi sortir ! ». La réponse à l’incurie du Bataclan : exécution et blackout vis-à-vis de la presse.

     

    Les attentats du 14 juillet 2016 à Nice

    On ne devait pas en parler ? On va en dire un mot quand même.

    Wikipédia : « Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien domicilié à Nice, conduit un poids lourd sur la promenade sur près de deux kilomètres, prenant pour cible une foule de civils, à l'issue du feu d'artifice donné pour la fête nationale. L'attaque cause la mort de 86 personnes (bilan au 19 août 2016) et fait 434 blessés. L'attentat est revendiqué le 16 juillet par l'organisation terroriste État islamique (dite « Daech »). »

    Premier problème aussi ; l’auteur des attentats n’est pas français ; il a une carte de résident obtenue par mariage mais a aussi fait l’objet de condamnations. Il n’y a pas un problème ?

     

    Attaque également relativement imparable au départ (Cf. les terrasses) : un camion monte sur le trottoir et fonce sur la foule (même si le mode opératoire avait déjà été utilisé comme à Londres et était recommandé par DAECH dans ses vidéos). Mais on dit bien au départ : la question est aussi de savoir au bout de combien de temps on doit pouvoir le maîtriser, c’est-à-dire avoir des hommes suffisamment armés pour tuer le conducteur.

    Cette question a trait aux effectifs de police présents sur les lieux. Selon le Canard Enchainé, qui a fait état de la polémique sur les effectifs de la police nationale ce soir-là, il y en avait une soixantaine sur place. Mais sur l’ensemble de la ville de Nice, ce qui est déjà peu compte tenu de la foule et du symbole (fête nationale, lieu hypra touristique), et, c’est là qu’est la ruse du gouvernement ; le ministère de l’intérieur tente de faire passer l’effectif total comme entièrement affecté au feu d’artifice. Et du coup cet effectif paraît presque correct selon leurs critères. On se défausse comme on peut de ses responsabilités !

    On doit préciser également – on n’a pas le choix - que le « poids lourd » n’est pas un 35 mais un 19 tonnes, c’est plutôt ce que l’on pourrait appeler une camionnette qui aurait eu du mal à passer de simples barrières métalliques attachées entre elles. Et on est obligé de préciser aussi qu’à cet endroit (de la montée sur le trottoir) c’est la police nationale qui était en charge.

    Les niçois, du reste, ne s’y sont pas trompés. Quand Manuel Valls est venu « se recueillir » le 18 Juillet, il a été fortement sifflé aux cris de « démission » et « assassin », et pas seulement pas des militants FN et LR.

     

     

    La liste des responsables

    Président de la République : François Hollande

    Premier ministre : Manuel Valls

    Ministre de l’intérieur : Bernard Cazeneuve

    Ministre de la défense : Jean-Yves Le Drian

Serge Darré - janvier2016

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15 mars 2015 7 15 /03 /mars /2015 15:39

~~Crimée/Kosovo/Mayotte : ce qu’on n’a pas ou presque entendu

Pour ce qui concerne l’indépendance du Kosovo, tout d’abord, rappelons que l’OTAN a fait la guerre à la Serbie à partir du 24 mars 1999 et cela pour une durée de 78 jours. Les objectifs militaires n’ont absolument pas été les seuls à être visés. La chasse de l’OTAN a aussi détruit des ponts, des voies de chemins de fer et des bâtiments administratifs. Il y eut, entre 2 500 à 3 500 morts et 12 500 blessés parmi les civils.

On ne sache pas que, depuis, les pays « vertueux » de l’OTAN aient accordé quelque compensation que ce soit pour les morts et les destructions civiles.

Peut-on faire un commentaire additionnel : le Kosovo n’est pas viable comme pays. Il est gangrené par la mafia du sommet de l’État jusqu’à sa base. Et pour quelle raison ? Peut-être que c’est la seule activité économique qui fonctionne dans ce mini État enclavé ?

 

On veut ensuite rappeler un autre fait plus gênant pour la France spécifiquement : l’île de Mayotte qui est une des quatre îles de l’archipel des Comores. En effet, le 22 décembre 1974, la France a organisé aux Comores un référendum pour plébisciter l'indépendance de l'archipel mais les Mahorais (habitants de Mayotte) ont fait un choix distinct en votant pour le maintien de leur île au sein de la République française. Un second référendum a été organisé le 8 février 1976 qui a confirmé ce choix.

Néanmoins l'Union des Comores revendique toujours Mayotte, tout comme l’Ukraine ne se résoudra jamais formellement à l’abandon de la Crimée. Toute ressemblance etc. …

 

Pour autant s’agit-il d’une spécificité française ? Non, absolument pas, sans même parler de l’aberration qu’est Gibraltar, il nous faut envisager trois cas de pays soit disant « vertueux » qui ne manquent pas de voter aucune sanction envers la Russie :

1. L’enclave de Guantanamo. Celle-ci est théoriquement librement louée aux USA par Cuba depuis 1898, date où l’île était un quasi protectorat US. Sauf que les loyers ne sont plus versés depuis la révolution castriste et qu’il n’y a de fait plus aucune discussion entre les deux pays. Et en l’absence de discussion c’est le statut quo qui prévaut, c'est-à-dire la loi du plus fort, c'est-à-dire que les USA se sont appropriés une partie du territoire cubain.

2. Les enclaves de Ceuta et Melilla. Ces deux confettis représentent de fait un reste de colonisation espagnole sur le continent africain. Le Maroc ne reconnait pas leur statut qui fait obstacle à son intégrité territoriale

3. Les Malouines en français, Malvinas en espagnol, Falkland islands en anglais sont quelques rochers peuplés de centaines de milliers de moutons au large du sud argentin. Certes, historiquement, on veut bien admettre qu’au contraire des deux cas précédents, elles ne seraient pas plus argentines que britanniques. Cependant, dans les faits l’Argentine les réclame pas seulement pour une question d’honneur, mais aussi parce qu’ils y voient un intérêt stratégique spécial - Elles sont au débouché du détroit de Magellan.

Or les britanniques, quand il s’est agi de Hong Kong, ont bien été capables de discuter pour rendre l’île à la Chine. Pourquoi n’y a –t-il pas les mêmes discussions, on veut dire sérieuses, pour les Malouines ?

 

Et au fait, pour revenir sur la Russie, sont-ils blancs comme neige ? Non, on sait bien que non, dans nombre d’ex régions de l’URSS ils n’hésitent pas à encourager des minorités russes à faire de fait sécession. C’est le cas, spécialement en Transnistrie (oui, ça existe) qui est un territoire de la taille d’un département coincé entre Moldavie et Ukraine, c'est-à-dire n’ayant même pas de frontière avec la Russie. Mais la Moldavie elle-même … d’ailleurs, n’est-elle pas une anomalie ? Elle devait faire partie de la Roumanie étant donné que c’est une terre essentiellement roumaine. Ou en tout cas le choix devrait être proposé aux deux pays par référendum.

Toujours à la décharge des russes, on trouve particulièrement choquant leur soutien aux séparatistes d’Abkhazie et Ossétie du Sud, déstabilisant par là la fragile république de Géorgie.

 

Pour autant, et en guise de conclusion provisoire, doit-on se faire la guerre et s’appliquer des sanctions alors que nous sommes tous des démocraties et au moment où la menace de l’intégrisme islamiste devrait nous unir ? Poser la question c’est un peu y répondre ?

 

Serge Darré – Charenton 94 Mis à jour le 23 juillet 2015

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 16:28

La suppression des petites communes est-elle vraiment la chose la plus urgente à faire aujourd’hui ?

 

  1. D’où venons-nous ?

Dans un autre article sur Canalblog - comment limiter la dépense publique en France, Sauver la décentralisation, on avait déjà rappelé que, pour l’immense majorité d’entre elles, les communes existantes, non leur population, mais le cœur, étaient déjà fondées en 1789.

Encore avait-on pris cette date comme un symbole d’une revendication forte de la liberté communale, qui introduit aussi la création des départements. En réalité la plupart existaient aussi un siècle avant, disons en 1670, et même bien avant. Sans doute peut-on se représenter trois phases essentielles, en laissant, pour le coup, de côté des cas particuliers comme Marseille fondée comme une colonie grecque :

  • Une phase « gallo-romaine » concernant plus spécialement l’arc méditerranéen et, en remontant, la vallée du Rhône et au delà jusqu’en Moselle.Les villes/villages créés ici correspondant généralement aux « colonias » fondées par les « romains » (pour faire simple)

  • Une autre phase pourrait coïncider avec l’expansion du christianisme, en gros du neuvième au onzième siècle, on crée des villages avec une intention « pieuse » d’y vivre selon des préceptes religieux. Cela correspondrait notamment aux très nombreux Saint quelque chose, que l’on abrègera dans ce qui suite comme *, Saint-Etienne, Saint Michel, Sainte-Geneviève, les très nombreux Saint-Denis

  • Une dernière phase, enfin, pourrait correspondre aux treizième et quatorzième siècles qui ont été une période de déboisements majeurs en Europe. Les villages se sont alors créés en gagnant sur la forêt.

    Est-ce à dire qu’il n’y a pas eu d’autres fondations avant le premier siècle et entre ces phases ? Non. Mais on pense « tenir » ici la très grande majorité des cas. En particulier, pour les traces antérieures au premier siècle, nous avons renoncé devant une difficulté : certes on peut trouver des outils ou des traces d’habitations datant de 300 avant, par exemple, il n’est pas sûr pour autant que c’était des établissements permanents, les gens ont pu en partir et y revenir, ou pas. Cette problématique est citée par Lorant Deutch, les premiers « parisiens » qui se sont sédentarisés l’ont fait dans l’une des boucles de la Seine, pas forcément Lutèce.

    Quelles preuves avons-nous que les créations se sont passées ainsi ? Pas beaucoup, il faudrait les prendre une par une, consulter l’article Wikipedia qui fait référence à une très ancienne fondation et ainsi de suite.

    Une méthode pour identifier les caractéristiques des fondations des villages serait de prendre les noms propres. Non pas qu’il soient toujours intelligibles non plus (Cf. le guide Michelin qui, la plupart du temps, y renonce) car nous sommes dans des langues franques, qui ne sont pas du latin et pas encore du français – des « patois » dont n’est encore parlé aujourd’hui que le … luxembourgeois.

    Cependant, si nous ne comprenons pas toujours les mots, il y a une unité qui autorise à énoncer que le « lieu-dit » correspondait à une ressource naturelle (pourquoi là ?)ou un métier ou une activité humaine – en quelque sorte, on dirait aujourd’hui, un même projet.

    Ceci est terriblement évident et intelligible dans tous les noms en Saint *, on l’a vu. Il y aussi tous les Montréal – Mont Royal, très probablement les limites (fluctuantes) du domaine royal.

    Citons aussi tous les Villefranche * - villes qui étaient exonérées de toutes ou la plupart des taxes et corvées.

    Il y a ensuite les Villeneuve *, indiquant que suite à une catastrophe naturelle ou à l’étroitesse d’un site on a refondé une ville ou fondé une nouvelle à peu de distance.

    On prend ensuite les Château *, Castel * à l’origine village construit à coté et/ou sous la protection d’une forteresse.

    Plessis * (du latin plectare) fait référence à un espace clôturé, en général une propriété

    On cite ensuite les Fontaine *,  Pont *, Bourg *, Val * dont la signification est suffisamment évidente.

    Pierre Grimal (Cf. la Civilisation romaine, éd. Champs – Histoire) nous donne également une origine certaine : le suffixe gallois acum signifie domaine, c’était une grande exploitation agricole, parfois un lieu de villégiature gallo-romain, entourée des maisons de la domesticité. Le préfixe indique qui en était le propriétaire. Ainsi Albiniacum, devenu avec les déformations Albigny, Aubigny, Aubinié était le domaine d’Albinius. Dans la continuité, il y a une multiplicité de Savigny *, quasi tous situés dans l’arc gallo-romain décrit plus haut mais étendu vers l’ouest, mais certes les romains ont aussi suivi la Loire et étaient également en Normandie (départements, entre autres, 37, 91, 77, 21, 86, 50, 51, 58).

    Puis on se reporte au tableau ci-dessous :

Ville 1 nom

Ville 1 départt

Population

Ville 2 nom

Ville 2 départt

Population

distance V1-V2

ARLES-SUR-TECH

66

         2 766

ARLES

13

 

53 785  

267 Km

 

AUBUSSON

23

4 071

AUBUSSON

61

                442  

560 Km

BOULOGNE-BILLANCOURT

92

115 264  

BOULOGNE-SUR-MER

62

43 805  

261 Km

 

CANNES-ECLUSE

77

 

              2602  

CANNES

 

06

74 273  

847 Km

 

CHALON-SUR-SAONE

71

46 791  

CHALONS-EN-CHAMPAGNE

51

46 668  

324 Km

 

CHARENTON-DU-CHER

18

                1137  

CHARENTON-LE-PONT

94

 

29 600  

296 Km

 

CLAIRVAUX-LES-LACS

39

1 460  

CLAIRVAUX-D'AVEYRON

12

1 181  

439 Km

 

LAVAL-PRADEL

30

1 210   

LAVAL

53

54 100  

786 Km

Luçon

85

10 094  

Montluçon

03

39 712

351 Km

MONTREUIL

93

103 675  

MONTREUIL

62

2 492  

185 Km

PLAISANCE-DU-TOUCH

31

16 442  

PLAISANCE

86

                186  

435 Km

VALENCE-D'ALBIGEOIS

81

1 311  

VALENCE

26

65 043  

391 Km

VERDUN-SUR-GARONNE

82

4 181  

VERDUN

55

19 714

917 Km

 

VITRY-AUX-LOGES

45

1 895  

VITRY-SUR-ORNE

57

2 943  

430 Km

 

Source : Répertoire des Villes de France

 

Où, pour le coup, rien ne saute forcément aux yeux. Qu’était, ce qui a été traduit phonétiquement en « bon françois » un chalon, un luçon ? On ne peut pas le dire aujourd’hui, même s’il y a des étymologies plus vraisemblables que d’autres. Ainsi chalon viendrait soit du ligure cabal : hauteur, soit du celte caballos : cheval, soit d’un peuple gaulois, les catalaunes (Chalons). Cela laisse tout de même une bonne marge d’interprétation.

Comme on ne peut de nos jours forcer l’une ou l’autre interprétation, il reste cette idée qu’une même activité, un même projet s’est exprimé dans des lieux différents, souvent assez éloignés si on songe que, jusqu’au milieu du XIXe siècle, on ne pouvait pas espérer faire plus de 60 kms à pied par jour. Les noms traversent la limite historique et encore actuelle des langues d’Oc et Oïl.

Certains noms sont aussi très marqués localement. Ainsi il y a plusieurs Roissy en Ile de France, mais seulement là. Il y a plusieurs Macon en Saône-et-Loire, mais guère ailleurs

Ces hameaux, villages, villes et quartiers constituent l’identité de la France pour reprendre le titre d’un livre de Fernand Braudel. Et l’État ou quelque gouvernement n’y est pour rien. Jamais des tentatives de peuplement menées de manière centralisée n’ont fonctionné en France (hors Algérie). Ou plutôt, il y a seulement trois contre-exemples :

  • Peuplement de la Guyane française au XVII siècle avec des « alsaciens ». Presque tous sont morts à l’exception d’une poignée réfugiée aux îles du salut

  • Peuplement du Québec, qui a, au contraire, un peu marché. Mais les « français » ont très vite été débordés par le flux des anglo saxons arrivés très vite en beaucoup plus grand nombre

  • Les « villes nouvelles » telles Évry, Saint-Quentin en Yvelines, demi succès et demi échec car certes cela a permis de libérer du foncier et de loger des gens qui préféreraient toutefois vivre … ailleurs

    L’État est tout simplement très incompétent dans ce domaine.

     

  1. Pourquoi est-ce important ?

Certaines villes/villages ont grandi bien sûr. Témoin Paris qui a absorbé d’anciens villages comme Ménilmontant, Belleville, Picpus, Passy. D’autres, comme Arles (13) n’y arrivent pas, si on songe que c’était l’une des plus grandes villes du monde au premier siècle. D’autres ont perdu des habitants et continuent à en perdre. C’est ainsi et c’est un processus en quelque sorte naturel, darwinien.

Alors quel est le problème si la représentation nationale décide de réorganiser les choses ? On peut tout d’abord estimer que c’est son droit.

Sauf que la première restriction tient au fait que ce mouvement paraissant inexorable est en fait bâti sur des fausses évidences.

  • Fausse évidence 1 : les collectivités locales nous coûtent cher. Alors que la hausse historique de l’endettement est celle de l’État central, pour payer des prestations sociales et des réformes non financées en faisant de la dette. Ce n’est que récemment que les communes ont contribué à cette hausse de la dette, spécialement du fait d’une baisse des dotations … de l’État central

  • Fausse évidence 2 : les collectivités locales coûtent plus cher que par la passé, on le concède mais la cause principale en est, personne ne le nie, les intercommunalités qui, avant 2000, n’existaient pas et ont été la cause majeure de l’augmentation des effectifs de la fonction publique territoriale.

  • Fausse évidence 3 : les maires des petites communes ne gèrent pas toujours bien. Cela est asséné comme une vérité par les doctes éditorialistes qui ne font que répéter des discours tout prêts. Et, à vrai dire, on n’en sait rien non plus. Mais il apparaît, sur la base d’une étude des villes de Montreuil et Paris pour lesquelles on a eu des chiffres de population et emploi, qu’un ratio correct est le suivant : le personnel de mairie, celui qui est dans les bureaux, à la voirie et aux espaces verts, ne devrait pas excéder 2% de la population de la commune. Après, cela va dépendre de ce qui est sous-traité, notamment eau et ramassage des ordures. Si l’un et l’autre sont gérés par la commune elle-même, cela autorise à aller jusqu’à 3,2%, voire 4% si la commune gère en propre des crèches et/ou maison de retraite. On a aussi le droit de faire mieux.

    Dès lors, point de grande ni de petite commune. Toutes celles qui respectent ces rapports ont le droit de s’administrer librement. Ce qui est le cas, par exemple de Paris, en termes d’effectifs mais en terme de masse salariale … bonjour, la ville étant dotée de corps de fonctionnaires à la carrière garantie et aux rémunérations plus que confortables. Et on ne mentionne pas, « par pudeur » les primes de ces gens là.

    J’assistais récemment à un des ces débats où est invitée Agnès Verdier-Molinié chez qui « tout n’est pas à jeter » mais qui ne renoncera jamais non plus à une simplification contre le service public. Et donc, les doctes éditorialistes et autres abonnés des plateaux glosaient sur un exemple : on citait le cas de cinq très petites communes qui avaient chacune leur salle des fêtes. Scandale ! Gabegie ! Oui, mais aucun de ces doctes ne posaient les questions qui se posent tout en bas. Pourrait-on les vendre ? Non, il n’y a pratiquement pas de marché immobilier, donc ! Et puis, questions bêtes, combien de jours sont-elles ouvertes par an ? Combien coûtent-elles à l’entretien ? Quel service rendent-elles et les gens pourraient-ils payer la location de salles privées ? Mais le temps de poser les questions concrètes le plateau de l’émission s’est éteint et les éditorialistes sont partis manger ensemble dans leur brasserie favorite.

     

  1. Tout le monde peut-il avoir tort ?

« Père, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Jésus - Évangiles)

Tous les élus peuvent-ils se tromper ? En tout cas les élus du PS et de l’UMP puisque, depuis le rapport Balladur de 2007, c’est la même politique qui est appliquée.

Alors les députés socialistes de Languedoc-Roussillon qui sont aussi ou ont été conseiller général ou maire ne savent-ils pas ce qu’ils font en votant l’absorption de la région par Midi-Pyrénées ? On pense qu’ils savent ce qu’ils font mais pas dans le sens du service à la population. Leur préoccupation essentielle c’est leur place dans l’appareil du PS (ou de l’UMP), ne pas rétrograder, être re-présenté par le parti à la prochaine élection.

Sont-ils donc tous malhonnêtes ? Non, pas forcément. Il faut plutôt y voire une renonciation à l’action politique : on pense qu’on ne peut rien faire alors on s’aligne sur l’avis des « sachants ». Mais pourquoi font-ils de la politique alors ? On les laisse avec leur conscience sur ce point.

Et ces sachants, pour revenir sur eux, ceux qui comptent dans le parti n’habitent pas ou plus là où ils ont été élus. On a vu, exemple, à l’occasion de l’accusation sur les « sans dents » le petit studio qu’occupait François Hollande à Tulle. Il est évident que ce n’était pas sa résidence principale. Il s’agissait donc bien pour lui d’y passer le moins de temps possible tout en donnant le change puisqu’il tenait, au plan national à son étiquette d’élu de terrain.

Si on s’intéresse maintenant à ce qu’il a fait en Corrèze, puisqu’il a présidé le Conseil Général  de 2008 à 2012, on apprend qu’il n’a impulsé aucune action économique dans le même temps où les dépenses de fonctionnement explosaient. Il est vrai aussi qu’il avait gagné le département le plus endetté de France par habitant. Au moins aura-t-il attaqué le problème de front ? Eh bien non en fait. Il a stabilisé la dette, principalement en massacrant les dépenses d’investissement, il n’est pas allé au-delà. Il s’est en fait abonné au service minimum vis-à-vis de ses administrés tout en essayant d’en tirer le maximum pour sa carrière politique, c'est-à-dire en termes d’image car c’est tout ce qui compte pour le politicien moyen.

C’est le meilleur exemple de ces dirigeants politiques qui n’habitent pas dans les territoires, y consacrent le moins de temps possible et en arrivent obligatoirement à penser que les politiques locales ne peuvent pas donner de résultats. On comprend dès lors que ce soit le même homme qui annonce la suppression de niveau départemental en 2020.

Mais les esprits charitables objecteront que générer de l’attractivité dans un  département rural, enclavé et montagneux était – peut-être – une tâche impossible. C’est faux ! On revient sur notre travail disponible sur Canalblog : « Évolution démographique des départements ruraux – enseignements pour une politique d’aménagement du territoire » @S. Darré où on avait montré que l’ensemble des départements situés le long de l’ (ancienne) Route Nationale 20 avaient une croissance de leur population supérieure à la moyenne nationale. Ce résultat n’étant en outre pas faussé par une composante « Silver economy » car loin des côtes. Dans ce cadre, on dispose d’un instrument d’évaluation très direct des politiques menées par le département de la Corrèze.

Voici la mesure de l’évolution de la population 2003/2013 pour les départements concernés :

Code départmt

Nom département

Population 2013

Variation 2003/2013

09

Ariège

152 607

7,4%

19

Corrèze

240 486

1,6%

31

Haute-Garonne

1 295 791

15,4%

36

Indre

227 471

-2,0%

45

Loiret

665 207

5,1%

46

Lot

174 617

5,5%

82

Tarn-et-Garonne

249 347

14,8%

87

Haute-Vienne

376 093

4,3%

91

Essonne

1 247 346

6,7%

N 20

Total

4 628 975

8,2%

 

D’après cette mesure, la Corrèze réussit particulièrement mal, il n’y a qu’un département qui a été moins attractif. Comme quoi, il suffit de ne pas y croire !

A l’inverse, le Lot, ayant les mêmes caractéristiques physiques et situé juste au sud, a connu une évolution démographique bien plus favorable. Parmi les causes de ces bons résultats on cite :

  • Le fait que l’IUT de génie mécanique de Figeac se soit doté de l’UTGV, centre d’usinage ouvert aux entreprises du voisinage, ce qui a permis le développement d’un réseau d’entreprises sous-traitantes autour du projet « Mécanic Vallée » (dont Tulle et Rodez sont aussi participants)

  • Le Lot a aussi mieux su mettre en valeur ses atouts touristiques

    On ne peut pas développer plus la comparaison entre les deux départements, mais on voulait prouver qu’avec de l’ambition il est possible d’obtenir des résultats partout.

    Alors, au final, quelle est la stratégie de nos « sachants » ? Ils ont fait un arbitrage entre prestations sociales et développement local. Et comme l’essentiel de l’investissement public est fait par les collectivités territoriales, il s’agit de les mettre à genoux pour dégager un excédent qui permettra, il suffit d’y croire, en partie de réduire la dette et en partie de verser encore plus de prestations sociales. On est en plein, dès lors dans le « modèle français » tel qu’il s’est mis en place au cours des trente cinq dernières années.

    Mais ne voient-ils pas que ces politiques sont génératrices d’un haut niveau de chômage ? Ils le voient mais, pour l’instant, on arrive encore à financer ces transferts sociaux et autres plans banlieues, politiques d’intégration, zones d’éducation prioritaire …  qui leur semblent le plus important.

     

    D.Les départements à faible revenu, un coût ou un atout ?

    Revenu de l’Impôt sur le Revenu – données 2010

Département

Part en % du total

PARIS                                                  

13,1%

HAUTS-DE-SEINE

6,5%

YVELIN ES

4,4%

BOUCHES-DU –RHONE

3,7%

RHONE

3,6%

VAL-DE –MARNE

3,5%

NORD

3,3%

ESSONNE

2,9%

ALPES-MARITIME S                       

2,7%

SEINE-ET-MARNE

2,4%

GIRONDE

2,2%

HAUTE-GARONNE

2%

 

Source : Atlas fiscal de la France – édition 2010

Ces douze départements représentent la moitié des recettes de l’IR en 2010. Et si on prend les trois premiers, tous parisiens, on est déjà à quasi un quart. Encore ces chiffres sont-ils avant les très fortes hausses d’impôts survenues depuis. Ils sont donc minorés.

Et en ce qui concerne la TVA et l’impôt sur les sociétés ? Pour ce qui est de la TVA, l’effet redistributif de la fiscalité conduit à augmenter le pouvoir d’achat des plus pauvres (allocations familiales, « prime TV » de septembre et aides au logement non imposables, par ex.). Et certes on achète des smart phones, chers en principe, à peu près dans toutes les régions. Cependant cet effet redistributif ne va pas jusqu’à modifier beaucoup ce qu’on a vu à propos de l’impôt sur le revenu.

Pour l’impôt sur les sociétés, on retrouve, sans surprise, une nette prééminence de l’Ile-de-France. Rhône-Alpes, PACA et le Nord « existent ». Toutes les autres régions sont insignifiantes.

L’essentiel de la base fiscale, il faut le dire, est donc concentrée sur six départements franciliens, le Rhône, les BDR, le Nord et un peu la Gironde et la Haute-Garonne. Est-ce à dire, dès lors, que tous les autres ne doivent être vus que sous l’aspect des « coûts » qu’ils engendrent ? Non. Ils ne vont pas jusqu’à penser cela ? Mais alors qu’est-ce que la réforme des régions qui est en train de se mettre en place, avec la création de ces giga régions pour donner à chacun ce à quoi il a droit mais pas plus ?

(Cf. également l’article du Point.fr du 23/07/2014 : « Réforme territoriale : Y aura-t-il encore des élus... locaux ? » sur le projet de conseillers territoriaux )

Cette question ne fait tellement pas débat que l’on ne la discute pas plus avant. Ce que l’on voudrait développer ici c’est l’erreur historique et pratique qui est en train d’être commise.

Car tous ne sont pas comme la ministre de la culture Fleur Pèlerin qui ne lit jamais un livre. Ceux qui lisent de temps à temps savent qu’il y a une école historique française dont fait partie Fernand Braudel cité plus haut. Et que nous enseigne cette école ? Certes c’est paris et sa région qui attire l’investissement étranger. Mais cet attrait ne serait pas à la même hauteur si l’ensemble du pays n’était pas riche et divers, au moins en termes de patrimoine. Sans le reste de la France, autrement dit, Paris  ne générerait pas plus d’investissement étranger que Ljubljana.

C’est une grave erreur, en conséquence, que de rejeter « aux marges » la plus grande partie du pays. CQFD.

 

E.Quelques pistes pour redonner de l’autonomie aux territoires

On n’est pas, pour notre part, désireux de faire aucune exclusive. Ce peut être des villes de la banlieue parisienne comme des villages des Hautes-Pyrénées.

On ne va pas développer plus que cela les modalités de mise en œuvre non plus. Cela fera, ou pas, l’objet d’un autre document à venir. L’idée majeure est la suivante : puisque nous contribuons peu, nous avons compris que vous voulez dorénavant nous donner de moins en moins. Nous l’acceptons, mais, sans effort budgétaire nouveau de la part de l’État, donnez nous alors de nouvelles structures juridiques nous permettant de nous développer avec nos propres ressources :

  • Idée No1 : des fusions de communes, dans certaines circonstances, après référendum des habitants concernés.
  • Idée No2 : à l’instar du développement des villes chinoises, permettre la création d’entités mixtes, ni associations ni entreprises qui seraient créées par les communes, que l’on appellera Entreprises d’Intérêt Local. Pourraient être financés par des emprunts directement auprès citoyens et ne deviendraient des « vraies » entreprises qu’à partir d’un certain niveau de CA. Ou auraient été dissoutes avant si trois années de pertes. Il s’agit de quasi entreprises tournées vers l’ »export ».
  • Idée No3 : permettre sur des territoires, la création de sociétés de transport, sortes de taxis collectifs, garantissant à tout le monde un trajet de 3 à 25 kms, au meilleur prix mais pas forcément seul
  • Idée No4 : Établissements d’enseignement privé mais non catholiques, qui assureraient, d’un côté le minimum, c'est-à-dire le bac général, comme tout le monde, avec, d’un autre côté un enseignement supplémentaire très spécialisé pour au max 10% de l’effectif. Exemples : prépa médecine, prépa droit, artisanat d’art, création d’entreprises dans le domaine du numérique …
  • Idée No5 : On reprend une idée de Charles Aznavour : pourquoi ne pas faire venir des chrétiens d’orient ou réfugiés syriens dans des villages vidés de leur population ? mais il ne s’agit pas non plus de revivre les villages de harkis. Ce qu’on propose : un RSA spécifique majoré leur permettant d’être payé pour un travail qui sera au départ construction° de leur logement, des bâtiments publics, etc... tout en apprenant le français pour aller ensuite, en rapport avec l’idée 3 ci-dessus vers proposer leur travail dans des zones plus actives : ménage pour les femmes, bâtiment pour les hommes.
  • Idée No6 : Création de structures d’accueil pour les enfants après les classes selon un système de bons d’échange. Par exemple, chaque heure passée dans la structure donnant droit à y inscrire ses enfants pour quatre heures. Tenue d’un registre des présences d’enfants et parents centralisé et visible de tous grâce à internet.
  • Idée No7 : dans la même optique que le point 2, mais ici pour accueillir des artisans ou commerces « auto centrés », permettre à des villes voisines de s’associer pour conserver certaines activités d’intérêt public. Exemple : trois communes proches géographiquement partagent l’effort pour garder à la fois une station essence, une pharmacie et un pressing.

Du côté des services publics, pour les petites communes, on rappelle aussi les préconisations du document cité plus haut : « Évolution démographique des départements ruraux – enseignements pour une politique d’aménagement du territoire ». Exemples : représentant de plusieurs administrations à la fois, collège fonctionnant largement grâce à la visio conférence.

 

 

 

 

                                                              

Mots clés : département,Ville,commune,Idée,politique,France,Population,Création,temps,Saint,public,Nom

                                                              

               

 

 

 

 

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